Le nouveau-né de mère consommatrice de substances psycho-actives. À propos de 58 cas - 09/03/08
D. Thibault [1],
C. Bernard [1],
M.-A. Djavadzadeh [1],
E. Vinner [1],
Y. Hammou [1],
J. Vignau [1],
X. Codaccioni [1]
Voir les affiliationsPendant un an, du 1.10.98 au 30.09.99, une étude prospective concernant les nouveau-nés de mère toxicomane a été entreprise à la Maternité de l'Hôpital Jeanne de Flandre. Elle a concerné 58 enfants nés de 57 mères qui toutes étaient, (ou avaient été), héroïnomanes. La poursuite de la consommation d'héroïne était déclarée dans 16 cas (28 %). Une substitution médicamenteuse avait été réalisée chez 46 femmes (81 %), débutée dans 70 % des cas avant la grossesse. La méthadone était utilisée dans 32 cas, la buprénorphine dans 14 cas. Le suivi de la grossesse était correct dans 39 % des cas, inexistant dans 7 %. Une sérologie positive pour l'hépatite C a été retrouvée chez 49 % des femmes. La naissance a été prématurée 15 fois sur 57 (26 %) ; elle a eu lieu deux fois à domicile (4 %). Huit enfants (14 %) avaient un retard de croissance intra-utérin. Un tiers des enfants ont été hospitalisés en Néonatologie, 12 d'emblée et 7 secondairement (4 pour syndrome de sevrage prolongé, 2 pour sortie maternelle précoce, 1 pour placement). Un syndrome de sevrage a été observé chez 31 enfants soit 58 % de ceux dont la mère consommait des opiacés en fin de grossesse. Sa survenue était favorisée par les doses élevées du produit substitutif et par une poly-intoxication. La substitution par la méthadone entraînait une syndrome de sevrage plus intense et plus tardif. En présence d'un syndrome de sevrage, chez l'enfant à terme, la durée moyenne d'hospitalisation était de 22 jours.
Pour 5 enfants (9 %) une mesure judiciaire a imposé le placement de l'enfant à la sortie. La suivi direct a concerné 28 enfants revus en moyenne à 15 mois d'âge corrigé. Le développement psychomoteur était favorable dans 25 cas. Parmi les 33 enfants dont les conditions de vie à 1 an sont connues, 1 enfant n'est plus à la garde de sa mère, 2 enfants ont bénéficié d'une mesure éducative.
Le séjour en maternité représente une période sensible pour le devenir des enfants de mère toxicomane. Il est souhaitable que les difficultés prévisibles en post-natal soient anticipées pendant la période prénatale grâce à une concertation pluri-disciplinaire. La rencontre précoce avec le pédiatre de maternité facilite la mise en place d'un suivi au long cours.
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Vol 31 - N° 2
P. 205 - avril 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.