La trypanosomiase humaine africaine (THA) est une maladie en pleine réémergence dans les foyers habituels en Afrique. Cette affection est hyper-endémique en Côte d’Ivoire. De 2002 à 2011, ce pays a connu des troubles socio-politiques et militaires. Pour évaluer l’impact de ces troubles sur les activités de prise en charge des cas de THA, nous avions analysé les caractéristiques et aspects thérapeutiques chez les patients admis dans le centre de traitement spécialisé fonctionnel durant cette période.

Étude transversale avec analyse rétrospective des dossiers de patients traités pour THA dans un centre de traitement spécialisé fonctionnel durant la période de janvier 2000 à décembre 2010. Ont été inclus, les dossiers des patients ayant reçu un traitement spécifique de la THA et suivis dans le centre.

Le taux annuel des 320 patients inclus était de 35,4 % en 2000, 18,7 % en 2002 et 3,7 % en 2003 à 1,8 % en 2010. Le sex-ratio H/F était de 1,5. L’âge moyen des patients était de 28±0,4 ans avec une prédominance des patients de 20 à 40 ans (45,6 %). Ils étaient majoritairement ivoiriens (44,7 %), burkinabés (40 %), et maliens (12,1 %). L’exploitation agricole était l’activité professionnelle principale (85 %). Les signes neurologiques étaient au premier plan : troubles du sommeil (89 %), céphalées (88 %), troubles sensitifs (63 %), réflexes archaïques (61 %). Ils étaient diversement associés aux adénopathies périphériques (61 %), au prurit (60 %) et aux troubles de la libido (52,5 %). Le mélarsoprol [n=180 (56 %)] et la pentamindine [n=96 (30 %)] étaient les plus utilisés en première intention. Parmi les 320 patients, 40 patients (12,5 %) avaient reçu un traitement de deuxième intention par mélarsoprol [n=21 (52,5 %)] et DFMO [n=16 (40 %)] et NECT [n=3 (7,5 %)] pour cause d’échec (6 patients) et rechute (34 patients). L’encéphalopathie arsenicale était responsable de 14 décès. Le devenir global des 320 patients était marqué par 2 cas de multi-échecs (0,6 %), 9 abandons de traitement, 34 (11 %) décès, 80 (25 %) guérisons et 195 (61 %) perdus de vue.

Cette étude a révélé une baisse drastique du taux annuel des patients dans le centre de traitement après 2002 et un nombre élevé des perdus de vue probablement en rapport avec les troubles socio-politiques et militaires dans ce pays. Les résultats du traitement spécifique sont d’interprétation difficile avec un taux des perdus de vue supérieur à la moitié de l’effectif des patients traités. Il y a donc une nécessité actuelle de renforcer les stratégies de la lutte et de suivi de la THA en Côte d’Ivoire.