Comparaisons des caractéristiques sociales des patients au début des épidémies de Chikungunya 2014 vs. Dengue 2013 à Cayenne - 25/05/17
Résumé |
Introduction |
Le virus Chikungunya (CHIKV) et celui de la dengue (DENV) sont deux arboviroses à fort potentiel épidémique. Les deux épidémies survenues en Guyane, respectivement en 2014 et 2013, ont semblé toucher des populations et quartiers très différents malgré leur vecteur et mode de transmission commun. L’objectif principal de l’étude était de comparer les indicateurs démographiques, sociaux et économiques des premiers patients infectés par DENV et CHIKV au début de ces deux épidémies à Cayenne.
Matériels et méthodes |
Étude rétrospective cas-témoins comparant les 168 premiers patients infectés par CHIKV, diagnostiqués par RT-PCR d’avril à juin 2014, aux 168 premiers patients infectés par DENV diagnostiqués par NS1 de mars à août 2013. Les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes ont été exclus. Les indicateurs dont les lieux de naissance, types de prise en charge sociale et quartiers de résidence ont été comparées en analyse bivariée. Le découpage par Ilots Regroupés pour l’Information Statistique (IRIS) de l’île de Cayenne a été utilisé et un score composite élaboré par l’Institut national de la statistique et des études économiques y a été appliqué. Le score a été créé à partir de 7 indicateurs en vue de définir les zones géographiques prioritaires.
Résultats |
Soixante-dix pour cent des patients CHIKV (n=117/168) étaient nés à l’étranger contre 34,0 % (n=58/168) pour DENV (OR 4,35 ; [2,69–7,06] ; p<0,001) et à 45,0 % d’origine haïtienne (n=76/168). Près de 54,0 % (n=90/168) des patients CHIKV étaient en situation sociale, bénéficiant soit de l’aide médicale d’état, de la couverture maladie universelle ou étant sans couverture, contre 32,7 % des patients DENV (OR 2,37 ; [1,49–3,78] ; p<0,001). Quatre-vingt-deux pour cent (n=123/168) vivaient dans des quartiers de bas niveau socio-économiques contre 44 % (5,81 ; [3,35–10,2] ; p<0,001). Ces résultats doivent être interprétés avec prudence et ne doivent pas conduire à stigmatiser des personnes déjà en situation précaire, mais à l’inverse soulignent les réelles inégalités en matière de santé publique sur notre territoire.
Conclusion |
Il s’agit de la première étude connue comparant CHIKV à DENV sur le plan socio-économique. Il semblerait que les patients en situations de précarité, sociale et économique, se retrouvent en premières ligne lors de l’apparition de maladies émergentes, comme le CHIKV. Plusieurs facteurs sont à prendre en considération, certains peu contrôlables tels que l’immunité globale de la population, quasi nulle pour CHIKV contrairement à DENV, et d’autres à améliorer tels que la gestion de l’environnement : assainissement, gestion des déchets, connexion à l’eau courante, afin de limiter la prolifération des vecteurs.
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Vol 47 - N° 4S
P. S59 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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