Soins bucco-dentaires, antibioprophylaxie et risque d’endocardite infectieuse chez les patients porteurs de prothèses valvulaires - 25/05/17
Résumé |
Introduction |
L’endocardite infectieuse (EI) est une maladie grevée d’une morbi-mortalité élevée. Chez les patients porteurs de prothèses valvulaires (PV), l’antibioprophylaxie (AB) est recommandée avant un soin bucco-dentaire (SBD) invasif comportant « une manipulation de la muqueuse orale ». Pourtant, à ce jour, aucune étude de haut niveau de preuve scientifique, n’a permis d’estimer le risque d’EI après des SBD et d’évaluer l’efficacité de l’AB.
Matériels et méthodes |
À partir des données de l’assurance maladie (consommation de soin en ville via le SNIIRAM et à l’hôpital via le PMSI), nous avons constitué une cohorte d’adultes porteurs de PV entre 2008 et 2014. Au sein de cette cohorte, nous avons estimé le risque de survenue d’EI à streptocoques oraux après un SBD invasif et évalué si l’AB diminuait ce risque. Le taux d’incidence d’EI à streptocoques oraux dans les 3 mois suivant l’exposition à un SBD invasif (avec ou sans AB) a ainsi été comparé à celui au cours des périodes de non-exposition (modèle de Poisson). Par ailleurs, pour s’affranchir des facteurs de confusion constants dans le temps, une analyse de type « case-crossover » a été réalisée chez les seuls porteurs de PV présentant une EI streptocoques oraux, en comparant la fréquence d’exposition à des SBD invasifs au cours des 3 mois précédant l’EI à celle au cours de périodes contrôles antérieures.
Résultats |
Parmi les 138 876 porteurs de PV inclus dans la cohorte (suivi médian : 1,7 ans), 69 303 (49,9 %) ont eu ≥1 SBD, représentant un total de 396 615 SBD ; 103 463 (26 %) SBD étaient invasifs et 52 280 (50,1 %) avaient fait l’objet d’une AB. Au cours des 285 034 personnes-année (PA) de suivi, une EI à streptocoques oraux survenait chez 267 pts (incidence brute : 93,7 pour 100 000 PA). Le taux d’incidence d’EI dans les 3 mois suivant l’exposition à un soin invasif sans AB n’était pas significativement différent par rapport aux périodes de non-exposition (RR : 1,57 (IC95 % [0,90–2,53], p=0,08). Dans l’étude case-crossover, la fréquence d’exposition à un soin invasif dans les 3 mois précédent l’EI était faible mais significativement plus élevée que pendant les périodes contrôles antérieures (5,1 % vs 3,2 % ; OR 1,66 [1,05–2,63] p=0,03), sans effet protecteur cependant de l’antibioprophylaxie (OR 1,69 [0,93–3,06] p=0,19).
Conclusion |
Les soins dentaires invasifs contribuent, bien que très faiblement, au risque d’EI à streptocoques oraux, dans cette population de pts connus pour être les plus à risque d’EI. Malgré le nombre élevé de pts inclus, nous n’avons pas montré d’effet protecteur de l’AB.
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Vol 47 - N° 4S
P. S20 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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