Prescriptions liées à la prise en charge alternative de patients suspects de maladie de Lyme - 25/05/17
Résumé |
Introduction |
Le diagnostic et le traitement de la maladie de Lyme (ML) sont actuellement au centre d’une polémique qui oppose une attitude basée sur les recommandations existantes à une conception alternative de la physiopathologie et de la prise en charge de la maladie. L’objectif de cette étude de décrire les prescriptions (examens complémentaires, antibiothérapie) liées à la prise en charge alternative de patients suspects de maladie de Lyme.
Matériels et méthodes |
Analyse en double insu de 16 dossiers anonymisés (le médecin responsable des prescriptions étant également anonyme) par deux médecins de maladies infectieuses et une pharmacienne.
Résultats |
Il s’agissait de 9 femmes et 7 hommes, d’âge médian 43,5 ans. Une affection comorbide susceptible d’être un diagnostic différentiel était retrouvée dans 11 cas (69 %). La symptomatologie comprenait essentiellement des arthralgies (12/16), une fatigue (12/16), des douleurs musculo-squelettiques (10/16), des troubles du sommeil (6/16). Les autres symptômes étaient des céphalées (4/16), des troubles de mémoire (3/16), de concentration (2/16), des malaises (2/16) et des troubles psychiatriques (1/16). Une moyenne de 16 sérologies (dont maladie de Lyme) étaient réalisées (extrêmes : 2–27 ; médiane : 19). Deux PCR babésiose et bartonelle étaient réalisées (négatives). Les autres examens comprenaient les sous-populations lymphocytaires (14/16), les IgE spécifiques (8/16), les AC antitransglutaminases (10/16). Les 16 patients ont donné lieu à la prescription d’en moyenne 7 molécules par patient (extrêmes : 4–12 ; coût moyen par patient : 287 euros) pour un total de 113 molécules et un coût total de 4604,30 euros. Les molécules les plus utilisées étaient le métronidazole et le fluconazole (13/16), l’hydroxychloroquine (11/16), la doxycycline et l’azythromycine (10/16). Les autres molécules prescrites étaient le pyrantel (9/16), la clarithromycine (8/16), l’albendazole (7/16), la roxythromycine (7/16), l’amoxicilline, le cotrimoxazol, la disulone (4/16), l’amoxicilline-acide clavulanique, la ceftriaxone, la rovamycine, le fenticonazole (3/16), l’atovaquone et le flubendazole (1/16). La prise en charge ne modifiait pas ou peu la symptomatologie chez 12/16 patients (2 étaient non évaluables).
Conclusion |
On constate une inadéquation entre les symptômes et les sérologies demandées et une répétition inutile des sérologies. Les résultats ne semblent pas influer sur la prise en charge. L’utilisation d’un nombre important de molécules sans qu’on puisse détecter une logique de prescription, tant sur la nature de la molécule que sur la durée doit alerter sur les dérives de telles pratiques, ce d’autant qu’elles paraissent ici peu efficaces. Un point reste à nuancer toutefois : le médecin a manifestement pris le temps de l’écoute avec une volonté de prendre en charge des patients qui se sentent rejetés par le système de soin classique. C’est sans doute un des points qui doit alimenter notre réflexion.
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Vol 47 - N° 4S
P. S150 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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