But. La vision binoculaire constitue la finalité même de l'organisation sensoriomotrice oculaire. À l'heure où la chirurgie réfractive vise à obtenir une “supervision ”, peu d'études se consacrent pourtant au retentissement d'une anisométropie induite sur celle-ci. En matière de chirurgie de la presbytie notamment, certains opérateurs ont tendance à privilégier l'obtention d'une anisométopie selon le principe de mono vision dont il paraît intéressant d'apprécier le retentissement.

Le but de l'étude est d'évaluer le degré d'anisométropie induite tolérable compatible avec une vision binoculaire satisfaisante.

Matériel et Méthode. L'étude porte sur une population de 80 adultes, sans antécédents ophtalmologiques, ayant un équilibre oculomoteur normal, répartis en trois groupes (emmétropes, myopes et hypermétropes). Les paramètres analysés sont les suivants : acuité visuelle angulaire, réfraction sous cycloplégie, équilibre oculomoteur, vergences et amplitude de fusion, vision stéréoscopique en vision de près au TNO et au Frisby, vision de la profondeur en vision de loin à l'appareil de Colayanni. Le protocole d'anisométropie induite a été mené en ajoutant de loin puis de près, de façon unilatérale, un verre concave puis convexe de une, deux, trois puis quatre dioptries, en pupille libre puis sous cycloplégie.

Résultats. En vision de près, la vision stéréoscopique est peu altérée par une anisométropie induite de – 2 à + 2 dioptries mais très altérée au-delà, quel que soit le sous groupe étudié ; cette tolérance passe de – 1 à + 1 dioptrie lorsque l'accommodation est paralysée. En vision de loin, l'appréciation de la profondeur est altérée dans les mêmes mesures.

Commentaire et Conclusions. En résumé, cette étude apporte des résultats intéressants sur le degré d'anisométropie induite tolérable compatible avec une vision binoculaire satisfaisante : il semble qu'il faille retenir comme valeur d'anisométropie induite susceptible d'altérer la vision stéréoscopique de façon significative la valeur de 2 dioptries.