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Découverte d’une insuffisance corticotrope chez des patients drépanocytaires hospitalisés pour crise vaso-occlusive et traités par morphine : un phénomène fréquent ? - 22/05/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.03.048 
E. Flamarion 1, , M. Michel 2, C. Guillaud 3, G. Lascu-Dubos 4, A. Habibi 5, E. Fois 6, C. Droumaguet 7, M. Khellaf 3
1 Département d’aval des urgences, 51, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Créteil, France 
2 Médecine interne, CHU d’Henri-Mondor, Créteil, France 
3 Médecine interne, hôpital d’Henri-Mondor, Créteil, France 
4 Département d’aval des urgence, hôpital d’Henri-Mondor, Créteil, France 
5 Unité des maladies génétiques du globule rouge–médecine interne, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France 
6 Unité des maladies génétiques du globule rouge, hôpital d’Henri-Mondor, Créteil, France 
7 Médecine interne et diabétologie-endocrinologie, hôpital d’Henri-Mondor, Créteil, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La morphine est couramment utilisée dans la prise en charge hospitalière de la crise vaso-occlusive (CVO) des patients atteints d’un syndrome drépanocytaire majeur (SDM) [1]. Des cas d’insuffisance corticotrope induite par la morphine ont été rapportés par plusieurs auteurs, notamment en oncologie [2] ; la morphine serait responsable d’un rétrocontrôle négatif au niveau hypothalamo-hypophysaire via l’activation de son récepteur μ [3]. L’impact potentiel de la morphine sur l’axe corticotrope au cours de la CVO chez le patient drépanocytaire n’est cependant pas connu. Nous rapportons ici notre expérience et la découverte d’une insuffisance corticotrope chez des patients drépanocytaires hospitalisés pour CVO ou syndrome thoracique aigu (STA) et traités par morphine.

Patients et méthodes

Cette étude exploratoire, prospective et monocentrique, a été menée d’avril à décembre 2016. Ont été inclus les patients adultes avec un SDM, hospitalisés pour CVO ou STA et traités par morphine en intraveineux. Une 1re phase de l’étude a concerné des patients pour lesquels une hypotension (définie par une pression artérielle (PA) systolique<90mmHg et/ou diastolique<60mmHg) a été observée au cours de leur hospitalisation et ce en l’absence de cause évidente. En guise de groupe témoin, une 2nde phase a concerné des patients sans signe clinique d’insuffisance corticotrope. Chez l’ensemble de ces patients, un dosage du cortisol plasmatique et de l’Adréno cortico-trophin hormone (ACTH) était réalisé à 8heures. Le diagnostic d’insuffisance corticotrope était retenu si le taux de cortisol était inférieur à 140 nmol/L avec un taux d’ACTH inférieur à 8ng/L et une supplémentation par hydrocortisone était débutée. À chaque fois que cela était possible, les patients avec insuffisance corticotrope étaient revus à distance de l’hospitalisation et de l’exposition à la morphine pour réaliser un test de stimulation à l’ACTH, ainsi qu’une IRM hypophysaire.

Résultats

Vingt-sept patients, d’âge médian 30 ans (18–43), suivis pour un SDM homozygote SS (25) ou hétérozygote composite SC (2), hospitalisés pour CVO (22) ou STA (5) ont été inclus. Aucune exposition cortisonique préalable n’était rapportée ; 6 patients avaient une hémochromatose post transfusionnelle sous traitement chélateur. Dans le groupe de patients hypotendus (n=15 ; médiane PA 92/49mmHg), 14 patients (93 %) avaient une insuffisance corticotrope (médiane cortisol 50 nmol/L, Q1–Q3 34–90 ; médiane ACTH 4,1ng/L, Q1–Q3 2,2–7,9). Dans le groupe asymptomatique (n=12 ; médiane PA 115/65mmHg), une insuffisance corticotrope (médiane cortisol 51 nmol/L, Q1–Q3 40–75 ; médiane ACTH 7,3ng/L, Q1–Q3 4,6–11,3) était objectivée chez 4 patients (33 %). La consommation médiane de morphine au cours des 24heures précédant le dosage hormonal était de 58mg [30–68] dans le groupe de patients hypotendus et de 35mg [23–49] dans le groupe asymptomatique. Parmi les patients avec une insuffisance corticotrope (n=18), le test de stimulation à l’ACTH, réalisé à distance de l’hospitalisation chez seulement 5 patients, était normal et permettait l’arrêt de la supplémentation en hydrocortisone ; l’IRM hypophysaire, réalisée chez 4 patients, était sans anomalie décrite.

Conclusion

Dans cette étude préliminaire, nous avons objectivé une insuffisance corticotrope chez un nombre important de patients drépanocytaires traités par morphine lors d’une CVO ou d’un STA, et ce même chez des patients sans signe clinique apparent d’insuffisance corticotrope. Ces données devront être confirmées et précisées au travers d’une étude prospective cas/témoin portant sur un grand nombre de patients et l’impact d’un traitement substitutif par hydrocortisone sur l’évolution (durée, intensité) de la CVO devra être évalué.

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Vol 38 - N° S1

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