Traitement chirurgical du ptérygion par greffes tissulaires (cornée, limbe, conjonctive). Étude rétrospective des résultats. - 08/03/08
JL Uzel,
A Hernando,
J Szwarcberg,
J (Strasbourg) Flament
Introduction. Il est actuellement établi que le traitement chirurgical du ptérygion par excision simple ne correspond pas à une prise en charge efficace. Un progrès substantiel des résultats est apporté par le remplacement des tissus excisés par de la conjonctive, de la cornée et/ou du limbe. L'objectif de ce travail est une comparaison rétrospective de la valeur de ces différents modes de greffes tissulaires de manière à en préciser les indications respectives.
Matériel et Méthodes. Notre étude rétrospective repose sur 156 patients et 165 cas de ptérygion opérés aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg ces 20 dernières années ; pour 25 d'entre eux il s'agissait de récidive. Ont été associées à l'exérèse : une transposition conjonctivale autologue dans 84 cas, une kératoplastie lamellaire dans 66 cas dont 45 en modalité unique (découpe en lunule 20 cas, greffon entier ' à cheval sur le limbe ' 25 cas) et 21 en modalité multiple (' patchwork '), une transposition limbo-conjonctivale monobloc autologue dans 10 cas. L'exérèse isolée n'a été utilisée que dans 8 cas, dont 5 associés à un traitement antimitotique de la surface d'excision.
Résultats. Quelle que soit la technique chirurgicale utilisée, le résultat postopératoire immédiat est toujours satisfaisant et aucune complication per ou postopératoire précoce n'est à déplorer. Mais dans un délai relativement court, inférieur ou égal à 3 mois, les cas de récidive viennent grever les résultats : 16,5 % pour l'autogreffe conjonctivale, 16,5 % pour la kératoplastie lamellaire en lunule, 6,5 % pour la kératoplastie 'à cheval sur le limbe ', 4,7 % pour la kératoplastie multiple. A ce jour, aucune récidive n'a été observée dans la série des autotransplantations cornéo- ou limbo-conjonctivales.
Discussion. Les mécanismes physiopathologiques les plus récents propres au ptérygion reposent sur la théorie du syndrome de déficit en cellules souches limbiques, dont l'origine même reste à définir précisément. La technique chirurgicale capable de restituer une dimension physiologique à une surface oculaire porteuse d'un ptérygion tant sur le plan structural que sur le plan cellulaire apparaît, à la lumière de nos résultats confortés par ceux de la littérature, la seule à pouvoir réduire notablement le taux de récidive.
Conclusion. L'excision associée à la greffe limbo-conjonctivale par transplantation autologue nous paraît répondre à cette exigence. Le résultat devra être confirmé par une étude clinique prospective comparative d'une cohorte statistiquement significative, en démontrant si possible qu'il est la conséquence de l'apport de cellules souches limbiques.
© 2002 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 25 - N° 5
P. 101 - avril 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.