Identification des facteurs associés au recours aux soins de santé mentale - 29/04/17
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Résumé |
Introduction |
La santé mentale est fortement soumise aux déterminants sociaux, mais elle est également marquée par de forts taux de non-recours aux soins, eux-mêmes socialement conditionnés. Afin de lutter au mieux contre les inégalités sociales et territoriales de recours dans le champ de la santé mentale, il est indispensable de connaître les facteurs associés au fait de recourir ou non aux soins de santé mentale.
Méthodes |
Une revue systématique de la littérature a permis d’inventorier les facteurs potentiellement associés au (non) recours aux soins de santé mentale. Une fois catégorisés, ces facteurs ont été recherchés dans les enquêtes en population générale. Les bases de données françaises identifiées sont le Baromètre santé 2005, l’enquête sur la santé et la protection Spsociale (ESPS) 2010, l’enquête Handicap-Santé 2008 (HSM) et l’enquête santé mentale en population générale (SMPG). Une première série d’analyses a porté sur un échantillon d’individus adultes identifiés comme porteurs d’un trouble mental grâce au Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI) au sein de l’enquête SMPG. Les répondants ont été sélectionnés aléatoirement dans des lieux de passages de 47 sites français, en plus du MINI ils ont été interrogés sur leurs représentations de santé mentale, leurs caractéristiques socio-économiques, leur rapport à leur(s) trouble(s) et leur comportement de santé vis-à-vis de ceux-ci. La base a été enrichie de variables contextuelles relatives aux sites de l’enquête (secteurs ou agrégats de secteurs de psychiatrie) : les densités médicales, l’offre de soin de secteur, l’urbanicité, le fait d’être en DOM-TOM ou en métropole et le niveau socio-économique du site. Les facteurs associés au fait de recourir au système de santé pour raisons de santé mentale ont été identifiés par une série d’analyses bivariées, les facteurs trouvés significatifs au seuil de 20 % ont servi à construire plusieurs modèles de régressions logistiques multi-niveaux inspirés du modèle théorique de recours aux soins (somatiques) d’Andersen.
Résultats |
Au total, 13 565 individus sur les 39 617 participants à la SMPG ont eu au moins un trouble et/ou un risque suicidaire identifié(s) par le MINI. Parmi eux, 54,3 % n’ont pas recouru au système de santé pour leur trouble. En analyses bivariées, on observe que les catégories les moins éduquées et ayant un revenu moindre ont un recours significativement plus important. De nombreuses variables démographiques et psychosociales sont également fortement corrélées au recours. Concernant les variables contextuelles, seul le fait d’être dans un DOM-TOM influait négativement le taux de recours. Les régressions logistiques mettent en évidence une corrélation du non-recours avec le fait d’être un homme, d’avoir moins de 35 ans, de ne pas se sentir malade ou de déclarer de gêne, d’être ou d’avoir une parenté (jusqu’aux grands-parents) issu(e) de l’immigration extra-européenne, d’être musulman, d’être résident d’un DOM-TOM, d’avoir recours à la religion pour se soigner, d’avoir un faible soutien social, de ne pas connaître d’autre lieu que l’hôpital psychiatrique pour soigner la maladie mentale et de penser que les porteurs de troubles mentaux sont responsables de leur maladie.
Discussion |
Ces analyses–prenant en considération un nombre étendu de facteurs potentiellement associés au recours aux soins pour raisons de santé mentale–ne montrent pas d’inégalités sociales de recours basés sur le revenu ou l’activité professionnelle mais révèlent plutôt l’importance de facteurs culturels, qui pourraient d’ailleurs expliquer l’inégalité territoriale de recours frappant les DOM-TOM. Ces résultats devront être complétés par une recherche d’effets de médiations entre les représentations en santé mentale et le statut économique et social. Ils devront également être validés par la découverte d’associations similaires dans d’autres enquêtes en population générale. Par ailleurs, les taux de recours particulièrement bas (−20 % par rapport à la moyenne) chez les 18–35 ans sont de nature à alerter les autorités sanitaires.
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Vol 65 - N° S2
P. S53-S54 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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