Objectifs. L'ablation de cristallin clair (ACC) chez le fort myope, constitue une technique chirurgicale invasive, controversée et fréquemment utilisée. Cette communication essaie d'expliquer les raisons pour lequelles cette chirurgie doit être finement analysée dans chaque cas avant de la réaliser, étant donné les graves complications vitréo-rétiniennes qui peuvent s'y associer.

Patients et Méthode. Il s'agit d'une étude rétrospective sur 12 patients (13 yeux), fort myopes, dont l'âge est compris entre 27 et 38 ans, ayant présenté un décollement de rétine (DR) suite à une ACC (phakoémulsification sans complications per-opératoires). L'équivalent sphérique est compris entre –15 et –34 D. Tous les cas nous ont été adressés pour traiter leur décollement de rétine. Le DR est survenu entre 1 et 7 ans après l'ACC, et dans 5 cas il s'est présenté entre 9 et 16 mois après réalisation de capsulotomie postérieure au Yag-laser. Dans 5 cas un traitement préventif au laser argon fut réalisé en pré-opératoire. Dans 7 cas il existe un rapport sur l'état de la périphérie rétinienne en post-opératoire.

Résultats. 9 patients présentaient un DR avec PVR majeure lors de leur première consultation. 4 autres patients avaient un DR localisé. Dans 10 cas nous avons repéré des lésions rhegmatogènes responsables de la survenue du DR. La rétine fut réappliquée dans 9 cas au moyen de chirurgies vitréo-rétiniennes complexes et chez 3 patients, il fut nécessaire de réaliser plus d'une intervention chirurgicale. Seulement 6 malades récupérèrent une acuité visuelle chiffrable.

Conclusions. En dépit des grands progrès obtenus dans les téchniques chirurgicales de l'ACC chez le fort myope, le décollement de rétine reste une complication importante et fréquente dont le traitement est toujours difficile. La capsulotomie au Yag Laser s'avère sans doute être un élément déclenchant de décollement de rétine.

Aussi actuellement, plusieurs écoles s'opposent à la réalisation de ce procédé chirurgical à visée réfractive chez le myope fort, compte tenu des graves complications potentielles qui en sont trop souvent issues et qui peuvent mener à la cécité.

Nous pensons qu'avant l'âge de 45 ans il existe une contre-indication à l'ACC et que par ailleurs, elle ne devrait être indiquée chez le sujet plus âgé, que dans certains cas très spécifiques.