Les actes de délinquance à l’adolescence, particulièrement les actes violents sont étudiés de façon presque exclusive sur le versant masculin. Ce texte se propose d’étudier et de mettre en évidence une certaine spécificité des recours à l’acte au féminin.

Le recueil d’entretiens cliniques et de récits, suite à la passation d’épreuves projectives, auprès d’adolescentes résidant en foyer éducatif, vient s’articuler avec différents apports théorico-cliniques (psychopathologie psychanalytique, criminologie) permettant la mise en évidence du registre du féminin et l’étude de sa place dans les agirs violents d’adolescentes.

La présence de traumatismes précoces ainsi que la dimension narcissique de l’acte délinquant « sous le regard des garçons » sont au premier plan. Les symptômes dépressifs, récents ou plus anciens, les angoisses de pertes constituent une constante chez des jeunes filles aux fonctionnements psychiques variés.

On observe un véritable déficit des identifications structurantes. L’identification maternelle, base des identifications féminines, s’avère particulièrement fragile. Les recours à l’acte des sujets s’inscriraient ici dans une dimension d’appel à l’objet et seraient liés à une régression adaptative.

Si les recours à l’acte violent chez des adolescentes sont un révélateur des problématiques inhérentes au processus adolescent, ces jeunes filles l’expriment de manière spécifique en lien avec ce qui leur est renvoyé de l’extérieur : leur féminité et le traitement de celle-ci à travers des expériences traumatiques. Une des singularités résiderait alors dans la démarcation floue entre recours à l’acte auto et hétéro-agressif. Attaquer le féminin en soi, le détruire chez l’autre constituerait une forme « d’autoféminicide ».

The acts of teenage delinquency and above all violent ones have often been reviewed from male examples. In this study, we’ll study specific acts from female teenagers.

The corpus of clinical interviews and discussions gathered among teen girls living in educational institutions was crossed with psychological psychoanalytical and criminal studies allowing us to focus on the specificity of violent acting from girls.

The evidence of precocious trauma along with the narcissistic dimension of delictuous acting in front of “boys eyes” stand in the foreground. Previous or recent depressive symptoms, anxiety about loss are the main constants among young girls with various psychological operating ways.

We observe a real defect of structuring identifications. Mother identification basis of feminine identification appears to be extremely fragile. Resorts to acting of this population would be anchored here in an appeal dimension to the object and would be linked to an adaptative regression.

If resorts to violent acting from teen aged girls are revealing of problems inherent to teen aged, these young girls express it in a specific way linked to what they receive from the outside world: their womanhood and its treatment through traumatic experiments. One of its specifities thus residing in a blurred border between resort to acting against oneself and against others. Attacking their self womanhood or destroying it at other girls would be a sort of self “womanhoodcide”.