Architecture des services d'urgence - 07/03/08
Gérard BLEICHNER,
le Groupe de travail sur l'architecture des services d'urgence : ,
François BRAUN : Médecin Urgentiste ,
Jean-Marc BURNOUF : Ingénieur Hospitalier ,
Catherine CERFONTAINE : Médecin Urgentiste ,
Laurent DELAIRE : Médecin Urgentiste ,
Pierre DRUSSANT : Architecte ,
Agnès FICARELLI : Cadre Infirmier ,
Josette GUY : Cadre Infirmier Supérieur ,
Laurent LE VOYER : Architecte ,
Laetitia MAY : Médecin Hygiéniste ,
Jean-Marc MINGUET : Médecin Urgentiste ,
Geneviève MOCQUET : Cadre Infirmier Supérieur ,
Jean-Marc PHILIPPE : Médecin Urgentiste ,
Patrick PLASSAIS : Directeur d'Hôpital ,
Olivier ROQUET : Directeur d'Hôpital ,
Dominique SANTALLIER : Architecte ,
Nicolas SIMON : Médecin Urgentiste ,
Frédérik STAIKOWSKY : Médecin Urgentiste ,
Bertrand YERSIN : Médecin Urgentiste ,
Xavier ZARKA : Informaticien - Réalisation de l'enquête ,
Quitterie TREVOUX : Interne - Assistance technique ,
Sandrine GALIEGUE.
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Le projet de (re)construction d'un service d'urgence (SU) se réalise pour l'essentiel au moment du « programme » avant le concours d'architecte. Les modifications ultérieures ne peuvent être que secondaires. Ce programme part d'un projet de service réfléchi, discuté (médecins, soignants, direction), et rédigé. Le projet de (re)construction tient compte, d'abord, d'une analyse détaillée des besoins, et ensuite de la comparaison de l'existant avec des données extérieures (bibliographie, visites d'autres services).
Un groupe de professionnels hospitaliers, comprenant les membres du service, participe au projet en amont, lors de la rédaction du programme, au cours de la rédaction des avant-projets qui sont validés à chaque étape et pendant le suivi, y compris à certaines phases du chantier.
Les grands principes ou concepts de la (re)construction doivent être formalisés très tôt et concernent :
– Sa situation. – Le SU est fléché, visible et accessible de la porte principale de l'hôpital par un circuit dédié. Son entrée est distincte de celle des services médicaux de l'hôpital. Il est situé sur un même niveau et de plein pied. Les liaisons fortes du SU sont identifiées avant sa conception. Il est implanté à proximité de la radio, du bloc opératoire et si possible à proximité de la réanimation et des laboratoires.
– Les circulations. – Le SU n'est traversé par aucun flux étranger à son activité. Les circulations des patients et des accompagnants ne traversent pas les zones de soins. Les portes sont motorisées dans les circulations principales utilisées par les brancards. La surface de circulation doit être calculée de façon spécifique et comprises dans les surfaces utiles.
– La sectorisation. – Un SU est réparti en zones fonctionnelles : zone d'accueil, zone de soins, zone technique, zone de service, unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD). L'architecture tient compte de la gestion des flux. Selon l'importance de ces flux, la zone de soins peut être divisée en zones secondaires, plutôt qu'organisée en une seule vaste zone. Dans ce cas, l'architecture, l'organisation, l'équipement de chaque zone secondaire permettent de garder un caractère polyvalent, adaptable à l'évolution des besoins. Les malades sont orientés dans ces zones en fonction de leur pathologie et de leur gravité.
La division en zones secondaires ne fait pas l'objet d'un consensus. La sectorisation peut être faite en un circuit léger et un circuit lourd. Le circuit léger (ou ambulatoire) est destiné aux malades consommant peu de temps médical ou paramédical, de ressources et permet un examen rapide. Le circuit lourd correspond aux malades, habituellement couchés en brancard, consommant beaucoup de temps et de ressources. La sectorisation peut être faite aussi en un circuit de traumatologie légère et un circuit non traumatologique. La séparation en secteur médecine/chirurgie n'est pas adaptée à la médecine d'urgence.
– La polyvalence des zones. – La polyvalence, la flexibilité et l'adaptabilité est un objectif majeur du fait de l'évolution rapide de l'environnement. La standardisation et l'uniformité des pièces d'examens facilitent l'ergonomie et la prise en charge des malades.
– La sécurité. – La sécurité est envisagée dès le projet. Elle repose sur plusieurs dispositions qui sont rassemblées dans un « plan sécurité ». L'accès à la zone de soins est réservé aux personnes autorisées : malades, accompagnants, personnels, grâce à des portes à ouvertures commandées.
– La surveillance et la confidentialité. – Il s'agit parfois d'objectifs contradictoires. L'agencement des locaux doit permettre une surveillance efficace des patients en même temps que la protection (visuelle, acoustique) de leur intimité et de la confidentialité. La séparation par des rideaux, des paravents, des parois incomplètes ou des portes non hermétiques ne permet pas une intimité suffisante ; elles peuvent néanmoins être utilisées dans les zones de surveillance intensive comme les salles d'accueil des urgences vitales (SAUV).
– L'attente des familles et des patients. – Le principe des services d'urgences est la prise en charge immédiate des malades. Le dimensionnement des urgences doit donc permettre l'admission directe des malades en zone de soin. Néanmoins, les familles et les malades après le triage et dans certaines conditions peuvent devoir attendre. En plus de la salle d'attente des familles à l'extérieur, il y a des salles d'attentes intérieures : dans le secteur léger, dans le secteur pédiatrique où une attente spécifique est indispensable, dans le secteur de radiologie... Les attentes ne doivent pas être organisées dans les couloirs.
– L'informatique et les technologies nouvelles. – Le développement des technologies nouvelles en particulier informatique est prévu avant la construction.
– Le stockage. – Le stockage principal est situé en périphérie du SU et évite la pénétration des livreurs (extérieurs ou hospitaliers) dans le service. Il n'y a pas de stockage terminal, c'est-à-dire dans les salles de soins. Il est remplacé par des chariots de soins équipés.
Des données techniques spécifiques aux SU sont précisées :
– Les normes de surfaces ne peuvent s'appuyer sur aucune données objectives et n'ont donc pas été fixées ; elles nécessitent une adaptation spécifique aux besoins et aux contextes locaux.
– L'éclairage : l'éclairage en lumière naturelle est favorisé autant que possible.
– La signalétique : le fléchage est facilement visible, si possible, depuis la ville.
– L'ambiance : les matériaux (couleur, acoustique, lumière, aspect...) sont choisis pour créer une ambiance susceptible de réduire l'anxiété.
– L'hygiène : l'organisation architecturale peut limiter ou faciliter le risque infectieux et la transmission croisée des infections ; elle implique au moins trois moyens : l'organisation du lavage et de la désinfection des mains, des salles d'examen pour un seul malade, et, éventuellement, l'existence d'une chambre d'isolement.
– Le traitement des surfaces : les matériaux sont choisis pour un usage intensif et un trafic élevé. Ils sont solides et durables.
– Le contrôle de la température est assuré dans toutes les circonstances par des dispositifs multiples : protection solaire (stores, film sur les fenêtres), chauffage ou rafraîchissement d'air.
La zone d'accueil |
Tous les malades se présentant au SU sont accueillis dans une même zone d'accueil et d'orientation. L'entrée des malades arrivant à pied est séparée, jusqu'à l'infirmier(e) organisateur de l'accueil (IOA), de ceux arrivant en SMUR, ambulance ou accompagnés des pompiers. Cette zone permet à l'infirmière ou au médecin d'accueil, avant l'enregistrement administratif, d'examiner rapidement les malades et d'orienter simultanément plusieurs malades debout ou couchés, si possible par des circuits spécifiques, vers la zone de soin qui leur correspond.
La zone de soin |
Les salles d'examen et de soins d'un même secteur sont regroupées autour d'un poste central de soin destinés à la gestion médicale et infirmière des malades dans une ambiance calme. Chaque salle de soin comporte une paillasse sèche et humide, un espace informatique, et suffisamment de place pour accueillir si nécessaire la famille. Les salles d'examen ambulatoire ne doivent pas être trop spécifiques et doivent pouvoir accueillir des malades couchés, lors d'un afflux massif de malades. Des zones spécifiques, en particulier pédiatriques et psychiatriques, peuvent permettre la prise en charge dans le calme de ces malades.
Des locaux dédiés à une consultation sans rendez-vous ou à une maison médicale sont distincts des locaux des urgences.
La zone technique |
Les salles de radiologie conventionnelle sont contiguës au service des urgences, soit à l'intérieur du service de radiologie, soit à l'intérieur du service des urgences. Il en est de même pour les salles d'échographie et le scanner. Lorsque le laboratoire est éloigné du service des urgences, les prélèvements sont acheminés par un moyen rapide, fiable et automatique (pneumatique...).
Il n'est pas justifié de prévoir un bloc opératoire dans les locaux des urgences.
La zone de service |
Un nombre suffisant de bureaux pour les médecins permanents et les cadres permettent de travailler dans une zone calme, proche du secrétariat. Une salle de réunion suffisamment vaste est indispensable pour l'enseignement, les réunions du service et sert de centre de crise en cas de plan blanc.
Architecture of emergency units. Recommendations of the French-speaking Society of Emergency Medicine |
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Vol 18 - N° 2
P. 102-126 - juin 2005 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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