L'exercice de la chirurgie dentaire en milieu carcéral est encadré par la loi du 18 janvier 1994 et ses décrets d'application. La prise en charge concerne une population constituée pour partie de sujets toxicomanes ou issus de la précarité, dont l'état de santé buccodentaire est fortement dégradé. Les pathologies observées ne présentent aucune spécificité, si ce n'est leur fréquence et leur caractère généralisé. La pratique, dans les établissements pour prévenus relève principalement de la prise en charge de l'urgence ; les prises en charge thérapeutiques exhaustives s'effectuant plutôt dans les établissements pour peine où la durée d'incarcération est sensiblement plus longue. L'exercice de la chirurgie dentaire en milieu carcéral est soumis, comme dans toute autre forme d'exercice dentaire, au respect des droits des patients, tels qu'ils sont établis par la loi du 4 mars 2002. De même les référentiels, en matière de sécurité sanitaire, de constitution de dossier ou de radioprotection des patients s'imposent aux praticiens. Mais, dans cet environnement très particulier, l'accès aux soins, le respect de la confidentialité et la relation entre praticien et patient prennent une dimension très spécifique de par l'ingérence du tiers pénitentiaire dans la relation de soin. Le développement de formations universitaires visant spécifiquement cet exercice, les congrès organisés par les professionnels de santé intervenant dans les établissements pénitentiaires ont favorisé l'harmonisation des pratiques et l'émergence de cette nouvelle forme d'exercice. La pratique de la chirurgie dentaire en milieu pénitentiaire nécessite, de la part du praticien, une excellente connaissance du cadre législatif et des recommandations en vigueur, un sens de l'éthique développé et des qualités d'adaptation afin de parvenir à concilier l'accès aux soins buccodentaires indispensable à cette population et les contraintes sécuritaires inhérentes à l'organisation pénitentiaire.