Usage et mésusage des antalgiques opioïdes en France entre 2004 et 2015 - 07/12/16
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Résumé |
Introduction |
L’utilisation des antalgiques opioïdes a fortement augmenté ces dernières décennies notamment aux États-Unis avec une augmentation des cas d’abus et de décès. Cependant, aucune étude publiée n’a porté sur l’évolution de l’utilisation et de l’abus des antalgiques opioïdes en France sur la dernière décennie.
Objectifs |
L’objectif de cette étude était d’estimer la prévalence de l’utilisation et du comportement de « doctor-shopping » des antalgiques opioïdes ainsi que le taux de mortalité parmi les utilisateurs d’opioïdes pour chaque année entre 2004 et 2015.
Méthode |
Il s’agit d’une analyse rétrospective des données françaises de remboursement de l’assurance maladie issues de l’échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB). Les quantités d’opioïdes ont été exprimées en doses définies journalières (DDJ) et en équivalents morphine orale (EMO). Le mésusage a été étudié par le comportement de « doctor-shopping » défini par le chevauchement d’ordonnances d’au moins un jour, prescrites par au moins deux médecins différents et délivrées dans au moins trois pharmacies différentes. Les tendances ont été estimées par des modèles de Poisson et les facteurs de risque associés par des modèles logistiques à effets aléatoires sur données en panel.
Résultats |
La prévalence d’utilisation des antalgiques opioïdes a baissé de 10 % entre 2004 et 2015 passant de 19,2 % à 17,2 % (p<0,05) consécutivement à la baisse de 12 % de l’utilisation des opioïdes faibles (19,1 % à 16,8 %, p<0,05). L’utilisation des opioïdes forts a augmenté de 75 % (0,54 % à 0,95 %, p<0,05) durant la même période avec une hausse de 71 % (0,17 % à 0,29 %) dans la douleur chronique non cancéreuse. La quantité d’antalgiques opioïdes par patient est passée de 35 à 39 DDJ et de 1687mg à 2236mg d’EMO entre 2004 et 2015 (p<0,05). Le « doctor-shopping » a légèrement augmenté pour les opioïdes faibles (0,08 % en 2004 à 0,13 % en 2015, p<0,05) tandis qu’une tendance à la baisse a été observée pour les opioïdes forts (0,72 % à 0,33 %, p>0,05). Le jeune âge, le sexe masculin, la précarité, la présence de troubles psychiatriques, les antécédents de troubles liés à l’utilisation d’opioïdes, l’utilisation concomitante d’antidépresseurs, de thymorégulateurs et de benzodiazépines étaient les facteurs de risque associés au « doctor-shopping ». La mortalité ajustée sur l’âge, le sexe, le cancer et le type d’opioïde (fort ou faible) a diminué entre 2004 et 2015. Cependant les patients pratiquant le « doctor-shopping » avaient un risque élevé de mortalité avec un odds ratio de 1,9 (IC95 % : 1,4–2,6), p<0,001.
Conclusion |
La prévalence d’utilisation des antalgiques opioïdes a baissé en France entre 2004 et 2015 suite au retrait du dextropropoxyphène et malgré une augmentation de l’utilisation des opioïdes forts et des autres opioïdes faibles. Le « doctor-shopping » demeure faible et la mortalité est en baisse illustrant l’exception française résultant de conditions de prescription et de délivrance plus strictes des opioïdes forts en particulier. Les efforts doivent être maintenus pour promouvoir le bon usage des antalgiques opioïdes et en limiter les risques.
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Vol 64 - N° S6
P. S303-S304 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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