Exanthème maculopapuleux : penser à une infection par le virus Zika autochtone - 23/11/16
Résumé |
Introduction |
L’infection par le virus Zika (ZikV) est répandue en Asie et en Afrique et a récemment émergé en Amérique centrale et du Sud où plus d’un million de cas ont été recensés. Elle est habituellement transmise par la piqûre d’un moustique du genre Aedes. Cette arbovirose secondaire à une infection par un flavivirus se manifeste par un syndrome pseudogrippal et un rash maculopapuleux. Sa gravité tient aux complications neurologiques et au risque de malformations fœtales chez la femme enceinte. Le premier cas de transmission sexuelle a été suspecté en 2008. Depuis, une dizaine de nouveaux cas, ont été rapportés.
Matériel et méthodes |
Nous rapportons une nouvelle observation d’une infection autochtone par le ZikV par transmission sexuelle chez une jeune femme ayant consulté en main 2016 pour un rash maculopapuleux.
Observation |
Il s’agit d’une femme de 24 ans, sans antécédent, ayant présenté le 29 avril 2016 une odynophagie, des adénopathies cervicales, une hyperhémie conjonctivale et des céphalées rétro-orbitaires suivies d’une éruption le lendemain. Elle n’avait pris aucun médicament, n’avait pas reçu de transfusion sanguine et n’avait pas voyagé en zone d’endémie pour le ZikV. À l’examen, on notait un rash maculopapuleux prédominant au tronc et aux membres supérieurs, d’extension distale secondairement. Des œdèmes indolores des extrémités sont apparus par la suite, spontanément régressifs en quelques jours. Les symptômes se sont amendés le 8 mai. À l’interrogatoire, on trouvait un voyage de son compagnon en Martinique du 25 mars au 2 avril. Il rapportait une asthénie, une fébricule le 8 avril et un rash maculopapuleux du 9 au 12 avril. Le couple avait eu des rapports sexuels non protégés réguliers depuis son retour de voyage. À noter que notre patiente n’est pas enceinte.
Résultats |
La PCR sanguine ZikV était positive chez la patiente. Les sérologies VIH, VHB, VHC, les PCR EBV, CMV étaient négatives. La sérologie sanguine ZikV de son partenaire est en attente.
Discussion |
Le vecteur habituel du ZikV n’ayant jamais été identifié à Paris, il s’agit très rarement d’une contamination interhumaine. Nous présentons une nouvelle observation de transmission de ZikV en dehors des zones d’endémie, vraisemblablement par voie sexuelle, bien qu’on ne puisse éliminer une transmission par un autre liquide biologique (salive, liquide préséminal). En effet, le virus Zika a été mis en évidence dans la salive et le sperme des patients atteints.
Conclusion |
Notre observation témoigne d’une transmission sexuelle du virus Zika et incite, comme le recommande l’OMS, à conseiller aux hommes ayant présenté des symptômes de l’infection à avoir des rapports protégés. Des recherches systématiques par PCR dans le sperme, l’urine, la salive doivent être effectuées chez les patients infectés pour mieux comprendre les modes de transmission et les réservoirs de l’infection, sa chronologie afin d’établir des recommandations sur la durée nécessaire de rapports protégés.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Éruption cutanéo-muqueuse, IST, Zika
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.10.004. |
Vol 143 - N° 12S
P. S325 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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