Surveillance mycologique des patients à haut risque de candidose invasive : place de l'antigénémie mannane - 04/03/08
A.-S. Ibara [1],
O. Morin [2],
B. Renard [3],
S. Millet [3],
L. Struillou [3],
D. Villers [3]
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Objectif |
Déterminer l'intérêt de la surveillance de l'antigène mannane en vue du diagnostic précoce des candidoses invasives chez les patients à haut risque infectieux hospitalisés en réanimation.
Matériel et méthodes |
Il s'agit d'une étude prospective réalisée pendant 6 mois sur 105 patients hospitalisés dans le service de réanimation du CHU de Nantes. Le principal critère d'inclusion des patients était une durée d'hospitalisation supérieure ou égale à 7 jours. Le protocole de surveillance de ces patients comportait à raison d'une fois par semaine : une prise de sang en vue d'une recherche d'antigène mannane par ELISA (Platelia® Candida Ag) et d'anticorps anti- Candida par immunoélectrophorèse (Paragon®) et hémagglutination indirecte (Fumouze®), des prélèvements à la recherche de la colonisation des sites périphériques (selle, urine, aspiration trachéale ou mucosité buccale), des prélèvements profonds en fonction de la symptomatologie clinique (hémoculture mycologique ou standard, biopsie d'organe, cathéter veineux, lavage broncho-alvéolaire, liquide péritonéal, liquide pleural, etc...). Lorsque la totalité des 3 prélèvements périphériques systématiques était obtenue, l'index de colonisation (IC) tel que défini par Pittet (rapport du nombre de sites positifs sur le nombre total de sites prélevés) a été calculé.
Résultats |
Nous avons pu réaliser au total 187 prélèvements de sérum, 478 prélèvements de sites périphériques et 388 prélèvements profonds. Le diagnostic de candidose invasive a été suspecté chez 10 patients dont 2 cas prouvés, 3 cas probables et 5 cas possibles. Le taux de colonisation des patients est estimé à 70 %. L'antigénémie est positive chez 60 % des patients présentant une candidose invasive prouvée, probable ou possible, 43 % de patients uniquement colonisés et 25 % des patients non colonisés et non infectés. Sur l'ensemble des résultats positifs nous avons noté 20 % de faux-positifs. Lorsque nous comparons les résultats des tests sérologiques en fonction de l'IC, nous constatons qu'ils sont plus positifs chez les patients ayant un IC > 0,5 que chez ceux ayant un IC < 0,5 (antigénémie : p = 0,05, sérologie : p = 0,001, antigénémie + sérologie : p = 0,0003).
Conclusion |
Le nombre de cas de candidose invasive prouvée au cours de cette étude est limité, il est difficile de juger du pouvoir prédictif de l'antigénémie mannane. Cette antigénémie a été positive avant le diagnostic de candidose invasive dans 1 des 2 cas prouvés. Compte tenu de la positivité de l'antigénémie dans les cas de simple colonisation (43 %) et chez les patients non colonisés et non infectés (25 %), ce test ne peut pas à lui seul permettre le diagnostic de candidose invasive. Le taux important de faux positif (20 %), pour lequel nous n'avons pas d'interprétation exacte dans l'état actuel de nos connaissances, est également un élément en sa défaveur. L'antigénémie mannane ne peut donc être qu'un argument pour le diagnostic de la candidose invasive dès lors que le tableau clinique est évocateur mais il faut prendre en considération dans son interprétation le fait qu'elle puisse être positive chez les patients fortement colonisés. Il est vraisemblable que seule la mise au point d'une méthode diagnostique par amplification génétique (PCR) pourra peut être permettre de lever l'incertitude finale.
Mycological surveillance of the infectious high-risk patients of invasive candidosis: place of mannan antigenemia |
Objective |
To determine the usefulness of monitoring of mannan antigenemia for early diagnosis of invasive candidosis in infectious high-risk patients hospitalized in medical intensive care units.
Design: A 6 month prospective study was conducted in 105 patients admitted to the medical intensive care unit of the Nantes university hospital.
Material and methods |
The main inclusion criterion was inpatient care for seven days or more. The monitoring protocol included once a week: a blood sample for a search of mannan antigenemia by ELISA (Platelia® Candida Ag) and anti- Candida antibody by immunoelectrophoresis (Paragon®) and indirect hemagglutination (Fumouze®), peripheral samples (stools, urine, tracheal aspiration or oral mucosity) to search for colonization, deep samples according to clinical symptoms (mycological or standard blood culture, biopsy, venous catheter, bronchoalveolar lavage, peritoneal fluid, pleural fluid etc...). When all of the three systematic peripheral samples had been obtained, the colonization index (CI) as defined by Pittet (ratio of the number of positive sites on the total number of taken sites) was calculated.
Results |
We were able to obtain 187 serums samples, 478 peripheral samples and 388 deep samples. The diagnosis of invasive candidosis was suspected in 10 patients including 2 proven cases, 3 probable cases, 5 possible cases. The colonization rate of the patients was estimated at 70%. Mannan antigenemia was positive in 60% of invasive candidosis suspected patients, 43% of simply colonized patients and 25% of the non-colonized non-infected patients. On the whole 20% of the positive results were false positives. Comparing the results of the serologic tests according to the CI, we observe that they were more positive among patients having CI > 0.5 than in those having CI < 0.5 (antigenemia: p = 0.05, serology: p = 0.001, antigenemia + serology: p = 0.0003).
Conclusion |
It was difficult to determine the usefulness of monitoring mannan antigenemia for early diagnosis of invasive candidosis as the number of proven cases of invasive candidosis was negligible in this study. This mannan antigenemia was positive before the diagnosis of invasive candidosis in 1 of the 2 proven cases. Alone, this test is insufficient for the diagnosis of invasive candidosis since many patients with simple colonization (43%) and non-colonized non-infected patients (25%) were mannan antigen positive. The high rate of false positives (20%), for which in the current state of knowledge does not have a satisfactory explanation, is also a drawback. At the present time mannan antigenemia can only provide a supplementary argument favoring the diagnosis of invasive candidosis in patients with a suggestive clinical presentation. The test must however be interpreted with caution due to positive results observed in strongly colonized patients. A PCR method will undoubtedly be need to distinguish between colonization and invasive infection.
Mots clés : Candidose invasive , Index de colonisation , Antigène mannane
Keywords:
Invasive candidosis
,
Colonization index
,
Mannan antigenemia
Plan
© 2004 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 14 - N° 1
P. 34-42 - mars 2004 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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