Position du problème : La violence psychologique au travail est considérée comme un facteur majeur de stress au travail ayant des effets délétères sur la santé mentale. À ce jour, il n’existait pas de version française validée du questionnaire élaboré par Leymann intitulé « Leymann Inventory of Psychological Terror » (LIPT), considéré comme l’instrument de référence. La présente étude vise à présenter le développement de cette version française et des éléments de sa validité factorielle, convergente et prédictive.

Méthodes : L’étude s’appuie sur un large échantillon d’hommes et de femmes de la population salariée sollicités pour participer à une enquête transversale par l’intermédiaire d’un réseau de 143 médecins du travail de la région PACA. L’étude porte sur 7 694 salariés, dont 3 132 hommes et 4 562 femmes, ayant répondu à l’auto-questionnaire anonyme contenant la version française du LIPT. Cette version a été obtenue par une procédure classique de traduction/contre-traduction.

Résultats : Le LIPT permet d’évaluer la prévalence d’exposition à 45 situations de violence au cours des 12 derniers mois. L’étude d’une question ouverte invitant les salariés à citer toute autre situation, potentiellement manquante, souligne la bonne couverture du LIPT. L’étude de la validité factorielle montre une cohérence satisfaisante dans l’interprétation des facteurs. La définition de la violence psychologique au travail de Leymann définit les salariés exposés par ceux ayant été confrontés à au moins une situation, au moins une fois par semaine, pendant six mois ou plus. L’ajout de se déclarer être exposé par le salarié permet d’accroître la validité convergente et la validité prédictive.

Conclusion : Cette étude est la première à développer et à valider la version française du LIPT élaboré par Leymann. Ce travail de développement et de validation semble une étape importante tant pour mener des études de qualité utilisant des instruments validés que pour permettre des comparaisons futures au niveau international. La violence psychologique au travail semble être par sa prévalence (environ 10 % ici) un problème sérieux en milieu de travail. Les études futures devront privilégier un tel instrument validé pour mieux comprendre et prévenir ce facteur de risque professionnel.

Background: Workplace bullying is considered as a major job stress factor and is associated with mental disorders. To date, there was no validated French version of the « Leymann Inventory of Psychological Terror » (LIPT), considered to be the instrument of reference. The objective of this study was to elaborate this French version and to explore its factorial, convergent and predictive validity.

Methods: The present study was based on a large sample of men and women of the working population asked to participate to a cross-sectional survey by a network of 143 occupational physicians in the South-East of France. This study included 7694 subjects, 3132 men and 4562 women, who responded to the anonymous self-questionnaire including the French version of the LIPT. This version was obtained by a standard forward/backward translation procedure.

Results: The LIPT allows to evaluate the 12-month prevalence of exposure to 45 forms of bullying. The analysis of an open question asking for other potentially missing forms of bullying underlined the satisfactory coverage of the LIPT. The study of the factorial validity showed a satisfactory coherence in the interpretation of the factors obtained. Leymann defined workplace bullying by the exposure to at least one form of bullying, weekly or more, and for at least six months. The convergent and predictive validity were increased when this definition was combined with the self-report of being exposed to bullying.

Conclusion: This study is the first one elaborating and validating the French version of the LIPT by Leymann. This step of development and validation of the French version of questionnaires seems crucial to set up future high-quality studies, and to allow comparisons at the international level. Workplace bullying seems to be a serious problem in the French working life given the prevalence observed here (around 10%). Forthcoming studies should prefer using such validated questionnaire to better understand and prevent this occupational risk factor.