Position du problème : La surveillance des maladies infectieuses permet, depuis de nombreuses années, de compiler un riche ensemble de données dans plusieurs pays industrialisés. Cependant, la surveillance est une activité complexe qui sous-estime le niveau réel de l’incidence des maladies. Le présent article vise à poser un regard critique sur les données de surveillance de la rougeole, de la coqueluche, de la rubéole et des oreillons dans les pays industrialisés dans le but de déterminer la proportion des cas incidents qui sont déclarés aux systèmes de surveillance.

Méthodes : Une revue critique de la littérature sur les données de surveillance de la coqueluche, de la rougeole, de la rubéole et des oreillons a été effectuée à l’aide de PUBMED. La revue a été limitée aux études effectuées dans les pays industrialisés qui ont estimé quantitativement la proportion de cas déclarés de ces maladies.

Résultats : La revue de littérature a permis de recenser quatorze études effectuées entre 1920 et aujourd’hui. Pour la rougeole, les études montrent que 64-85 % des cas infectés consultent un professionnel de la santé, que 13-57 % de ceux qui consultent sont diagnostiqués et que 22-81 % des cas diagnostiqués sont déclarés. La proportion de cas déclarés de rougeole aux systèmes de surveillance s’étend de 7 à 63 % pour les années 1920-1980 et de 3 à 41 % pour les années récentes. Pour la coqueluche, on estime que 49-59 % des cas consultent un professionnel de la santé, que 12 % de ces cas sont diagnostiqués et que 19-47 % de ces derniers sont déclarés. La proportion de cas déclarés de coqueluche aux systèmes de surveillance s’étend de 5 à 25 % pour les années 1920-1980 et de 3 à 12 % dans les années récentes. Très peu d’études sur la rubéole et les oreillons ont été recensées. Aucune n’a permis de déterminer le niveau global de cas déclarés.

Conclusion : Les données de surveillance sous-estiment considérablement l’incidence des maladies. Des efforts supplémentaires pour améliorer la détection et la déclaration des cas infectés sont nécessaires.

Background: Surveillance data for infectious diseases in industrialized countries have been providing useful epidemiological information for several years. However, surveillance is complex and notifications underestimate the true disease incidence. The goal of this paper is to determine the completeness of reporting of measles, pertussis, rubella and mumps through notification in industrialized countries.

Methods: A thorough literature review of papers published (in French or English) on surveillance data of measles, pertussis, rubella and mumps was undertaken with PUBMED. The review was limited to studies conducted in industrialized countries that quantitatively assessed the completeness of the reporting of these diseases.

Results: Fourteen studies published from the 1920s met the inclusion criteria. For measles, the studies suggest that 64-85% of symptomatic patients sought medical care, 13-57% of those were diagnosed with measles and 22-81% of the diagnosed cases were reported for a completeness of reporting ranging from 7% to 63% between 1920 and 1980 and 3% to 41% in recent years. For pertussis, it was estimated that 49-59% of symptomatic patients sought medical care, 12% of those were diagnosed and 19-47% of the diagnosed cases were reported for a completeness of reporting ranging from 5% to 25% between 1920 and 1980 and from 3% to 12% in recent years. Very few studies on rubella and mumps were found and none allowed the determination of the global completeness of reporting.

Conclusion: Reporting has been found to be considerably incomplete. Continued efforts to improve the recognition and reporting of these diseases are needed.