Position du problème : Depuis plus de 20 ans, la plupart des pays industriels développent la régionalisation des soins périnatals. L’un des objectifs principaux de la régionalisation est d’améliorer le devenir des enfants de petits poids en orientant les femmes « à risque d’accouchement prématuré » vers les maternités disposant d’un niveau de soins adapté pour la mère et pour le bébé. Mais la mise en place des réseaux ne peut être efficace sans être acceptée par les professionnels. L’objectif de cette étude était ainsi d’identifier les attentes des professionnels et de les comparer d’un groupe à un autre.

Méthodes : La population étudiée incluait les professionnels de 3 réseaux périnatals (Rhône, Auvergne et Gard-Lozère). L’étude comprenait 2 étapes : la première, qualitative, psychosociologique, basée sur des entretiens individuels menés par des psychologues, avait pour but d’identifier les préoccupations des professionnels et de développer un questionnaire; la seconde, quantitative, épidémiologique, a utilisé ce questionnaire au sein des réseaux. Dans le questionnaire, 8 dimensions ont exploré le point de vue des professionnels : les contraintes relatives aux aspects réglementaires et à la mise en place des niveaux de soins des maternités, le risque de perte de compétence des professionnels, les conséquences sur les pratiques médicales, sur les relations interprofessionnelles, sur l’organisation du travail et les aspects financiers, le nouveau rôle des professionnels libéraux, et les conséquences juridiques.

Résultats : le taux de réponse de l’étude épidémiologique était de 80 %. Les résultats ont permis de construire 8 scores décrivant l’acceptabilité des professionnels. Après ajustement sur l’âge, le sexe, le réseau et le statut juridique de l’institution, l’étude a révélé une moins bonne acceptabilité de la plupart des professionnels (anesthésistes, obstétriciens, sage-femmes et praticiens libéraux) comparée à celle des néonatologistes, ou des professionnels travaillant dans des établissements privés comparée à ceux travaillant dans des établissements publics. En outre, l’étude a décrit certaines conditions de mise en œuvre du réseau relatives à son fonctionnement.

Conclusion : En identifiant clairement les attentes et objections des professionnels, cette étude devrait faciliter l’amélioration du fonctionnement des réseaux périnatals étudiés.

Background: For twenty years, most of industrial countries developed recommendations on regionalization of perinatal care. Perinatal regionalization is particularly aimed at improving morbidity and mortality outcomes of low birth weight newborns by transferring pregnant women to the maternity units having a medical or neonatal environment suited to the risks incurred by mothers or babies. Perinatal regionalization cannot be effective without being well accepted by the majority of professionals. The objectives of this study were then to identify professionals’expectations and objections to perinatal regionalisation and to compare them from a professional group to another one.

Methods: Professionals of 3 French perinatal networks were under consideration: the Rhône, the Auvergne and the Gard-Lozère networks. The study included two stages: 1) a psychosociological qualitative study, based on professionals’interviews, aimed at identifying main concerns of professionals and developing a questionnaire; then 2) an epidemiological quantitative study, using this questionnaire within French networks. In the questionnaire, 8 dimensions explored the professionals’views: constraints related to regulation aspects and to the setting up of maternity units care levels, risk of loss of professionals’competence and prestige, consequences on medical practices, on inter-professional relationship, on work organization and financial aspects, and related to the new role of ‘private practice’professionals, legal consequences.

Results: The response rate of the epidemiological study was 80%. The results permitted to construct 8 dimension scores describing the reasons of poor acceptability of regionalization. After taking into account the age, the sex, the network and the juridical status of the institution, the study revealed a significant poorer acceptability of regionalization by most of medical specialty groups (anesthetists, obstetricians, midwives and “private practice” professionals) compared with neonatologists, or by “private” professionals (professionals working in private clinics and “private practice” professionals) compared with professionals working in university or community hospitals. The study described also network setting up conditions related to its functioning.

Conclusion: By identifying clearly professionals’objections and expectations, this study should facilitate improvement in the organization of studied perinatal networks.