Le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob en France : estimation du nombre de cas attribuables à un séjour dans les îles britanniques entre 1980 et 1995 - 02/03/08
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Position du problème : L’émergence des cas du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) a suscité de nombreuses inquiétudes quant au risque de transmission secondaire, particulièrement par transfusion sanguine. Des mesures d’exclusion des donneurs à risque ont alors été mises en place, notamment en France pour les donneurs ayant séjourné plus d’un an au Royaume-Uni. Dans le cadre d’une modélisation de l’épidémie de vMCJ en France, on estime ici la part de cas dont l’infection est liée à un séjour au Royaume-Uni, ce qui permet notamment de statuer sur la légitimité de telles mesures.
Méthodes : La remarquable structure d’âge des cas de vMCJ est prise en compte dans nos simulations en divisant la population en cohortes de naissance. En supposant que les viandes séparées mécaniquement (VSM) issues de carcasses britanniques représentent la principale source d’infection, l’exposition française totale est simulée. Par rétro-calcul, le nombre total d’infections conduisant à l’épidémie française observée est simulé, soit 6 cas en 2003. On ne s’intéresse ici qu’à la part d’exposition liée aux voyages (les VSM consommées au Royaume-Uni lors de séjours) et aux cas auxquels cette consommation a conduit.
Résultats : La part d’exposition liée aux séjours en Grande-Bretagne est la plus importante chez les individus nés après 1969 (6,3 % de l’exposition totale), puis chez les individus de la cohorte 1939-69 (3,3 %) et chez les individus nés avant 1939 (1 %). La part d’exposition liée aux voyages apparaît négligeable par rapport à l’exposition liée à la consommation de VSM produites en France à partir de carcasses britanniques. C’est pourquoi la survenue de cas de vMCJ en France qui auraient été infectés au Royaume-Uni semble peu probable (médiane : 0 cas, IC 95 % : (0-2)). Si ces cas surviennent, il est plus probable qu’ils soient nés après 1969 et que leurs symptômes apparaissent avant 2010. Ainsi, contrairement aux pays à faible risque d’encéphalopathie spongiforme bovine, le lien de causalité entre les séjours en Grande-Bretagne et la survenue de cas de vMCJ ne peut être établi en France où ces séjours n’ont qu’une faible influence.
Conclusion : Les voyages contribuant faiblement à l’exposition totale française, l’exclusion de donneurs ayant voyagé en Grande-Bretagne a un effet pratiquement nul sur les risques de transmission secondaire.
Background: The outbreak of variant Creutzfeldt-Jakob disease (vCJD) cases rose serious concerns about secondary transmission of the disease, particularly through blood transfusion. Protective measures leading to the exclusion of potentially infectious blood donors were settled: in France, donors who had stayed more than one year in the UK were excluded. In this work, which was part of a larger study aiming to estimate the French epidemic of vCJD, the number of vCJD cases who were infected during a trip to the UK was estimated. Those estimates may notably enable the assessment of such exclusion measures.
Methods: The particular age-related structure in vCJD cases is taken into account in our simulations considering birth cohorts in the population. The total French exposure is simulated assuming the main source of infection to be dietary through consumption of mechanically recovered meat (MRM) manufactured from British bovine carcasses. Then, using a “back calculation” algorithm, all infected individuals required to produce a consistent epidemic (6 vCJD cases in 2003) was simulated. This study was exclusively focused on the part of the exposure linked to trips (beef MRM consumed in the UK while traveling) and on cases resulting from this exposure.
Results: The influence of exposure linked to trips to the UK was greater in the youngest cohort (6.3% of the total exposure) while it only accounted for 3.3% and 1% in the 1939-69 and in the pre-1939 birth cohorts respectively. Overall, exposure resulting from trips in the UK can be neglected with regards to the exposure linked to the consumption of MRM produced in France from British bovine carcasses. Consequently, French vCJD cases that would have been infected in the UK are very unlikely to occur (median: 0 case, IC 95%: (0-2)). Nevertheless, if such cases occur, they would probably occur in subjects born after 1969 and their onset would take place before 2010. Thus, unlike the situation in BSE- free countries, the causal relationship between travel in the UK and occurrence of vCJD cases cannot be underlined in France, as trips only account for a small part of the French exposure.
Conclusion: Since trips in the UK slightly contribute to the overall French exposure, excluding people who travelled in the UK from blood donation would not influence the risk of secondary transmission.
Mots clés :
Nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ)
,
Simulation
,
Prédiction
,
Monte Carlo
,
Transmission secondaire
Keywords: Variant Creutzfeldt-Jakob Disease (vCJD) , Simulation , Forecast , Monte Carlo , Secondary transmission
Plan
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Vol 53 - N° 1
P. 15-24 - février 2005 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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