Position du problème : Une augmentation de la fréquence des troubles des organes reproducteurs masculins a été décrite dans les dernières décennies dans certains pays industrialisés. Ni ses causes, ni ses conséquences sur la fertilité, l’aptitude des couples à procréer, ne sont clairement connues. Ceci pourrait en partie être dû à des difficultés méthodologiques spécifiques à l’épidémiologie de la reproduction humaine.

Méthodes : Nous discutons la pertinence et les limites de marqueurs de la fonction de reproduction masculine, en insistant sur les caractéristiques spermatiques et la fécondabilité, une mesure de la probabilité de grossesse.

Résultats : Les caractéristiques spermatiques sont associées à la fécondabilité, bien qu’elles aient une assez faible sensibilité pour détecter les couples avec une faible fécondabilité. L’étude de ces caractéristiques s’est révélée centrale pour mettre en évidence l’impact de certains facteurs environnementaux sur le volet masculin de la fonction de reproduction. La principale limite des études sur les caractéristiques du sperme est un faible taux de participation et les biais de sélection pouvant en découler. La fécondabilité peut être estimée en recueillant le délai nécessaire pour concevoir une grossesse. Son estimation rétrospective exclut souvent les moins féconds, les couples restant sans enfant, ce qui entraîne un biais et une diminution de la puissance statistique. L’approche prospective et l’approche reposant sur un échantillon transversal de couples en cours de tentative de grossesse n’ont pas ces limites. Bien qu’elle n’ait jamais été utilisée, l’estimation de la fécondabilité par l’approche des tentatives de grossesse en cours est prometteuse pour la recherche étiologique et la surveillance.

Conclusion : La plupart des marqueurs de la fonction de reproduction masculine ne sont pas suivis dans la population générale de France, à l’exception du taux d’incidence du cancer du testicule, qui est en augmentation. Nous présentons certaines alternatives pour un système de surveillance de la fonction de reproduction.

Background: An increase in the frequency of disorders of the male human reproductive organs has been described over recent decades. Neither its causes nor its consequences on fecundity, the ability of the couples to produce a live child, are clearly known. This lack of knowledge may partly be due to methodological difficulties specific to reproductive epidemiology.

Methods: We discuss the relevance and limits of some markers of the male aspects of human reproduction, focusing on semen parameters and fecundability, a measure of the probability of pregnancy.

Results: Semen parameters are associated with fecundability, although they have a relatively low sensitivity to detect couples with low fecundability. The study of semen parameters proved central to describe the influence of environmental factors on the male side of reproductive function. The main limitation of semen studies is low participation rates and the possible selection biases ensuing. Fecundability can be estimated by collecting waiting time to pregnancy. Its assessment in retrospective studies often excludes the least fecund, those couples remaining childless, which entails a bias and a decrease in statistical power. The prospective approach and an approach relying on the enrolment of a cross-sectional sample of the couples currently trying to obtain a pregnancy (current duration approach) do not have these limitations. Although it has never been used, the assessment of fecundability using the current duration approach is promising both for aetiologic research and monitoring.

Conclusion: Most of the potential markers of male reproductive function are not assessed in the general population of France, with the exception of the incidence rate of testis cancer, which is currently increasing. We present some alternatives for a monitoring system of reproductive function.