Il n'existe pas dans la littérature de définition précise ni consensuelle de l'état de vulnérabilité sociale (des usagers de l'hôpital) et très peu de travaux ont été consacrés à l'étude des inégalités sociales des consultants. La première étape d'un travail d'évaluation des besoins de soins non couverts, chez ces personnes, a été d'élaborer un outil de mesure de la vulnérabilité sociale.

Objectif : Construire un outil simple de repérage des usagers des consultations d'un hôpital en situation de vulnérabilité sociale et valider ses propriétés métrologiques.

Méthode : Dans un premier temps, des critères de vulnérabilité sociale, isolés à partir d'une l'analyse de la littérature, ont été soumis à l'appréciation de professionnels particulièrement concernés par la prise en charge de cette population et évalués par un groupe pluridisciplinaire regroupant des référents des services concernés par l'étude. Ces critères, intégrés dans un outil de repérage, devaient être rapidement et facilement renseignés par tout patient venant consulter, avant de rencontrer le médecin, et acceptables pour les usagers et le personnel d'accueil. Dans un deuxième temps, en l'absence de gold standard, les performances du test ont été mesurées en référence au jugement concordant de 2 assistantes sociales se prononçant en aveugle du test. L'outil a été évalué sur un échantillon de 255 patients admis dans les consultations d'un service hospitalier.

Résultats : L'outil comprend 5 critères de repérage, présentés sous la forme d'un mini questionnaire, renseigné en routine par tous les patients, au moment de leur accueil aux consultations. 222 consultants ont été inclus, âgés de 15 à 93 ans (âge moyen 53 ans ± 20 ans), dont 59 % d'hommes et 41 % de femmes. 78 % ont rempli seuls le questionnaire, contre 22 % qui ont nécessité une aide au remplissage, le plus souvent pour des raisons physiques ou matérielles. 87 % ont répondu sans difficulté particulière aux questions. 47 % des patients ont été repérés comme étant en situation de vulnérabilité sociale par l'outil contre 52 % par les assistantes sociales. Le coefficient kappa de concordance entre les deux avis des assistantes sociales a été évalué à 0,94 (IC : 0,89[shy]0,98). La sensibilité de l'outil est de 70 % (IC : 64 [shy] 76) et sa spécificité est de 77 % (IC : 71 [shy] 82).

Conclusion : Cet outil, construit à dire d'experts, est valide et présente de bonnes qualités métrologiques. Son utilisation en routine auprès de consultants est possible, de par sa simplicité et sa rapidité de passation. Ces résultats nous permettent aujourd'hui de mener une étude épidémiologique sur les besoins de soins non couverts, auprès de consultants de différents services de deux établissements publics de santé comparant un groupe en situation de vulnérabilité sociale à un groupe témoins.