Introduction : Depuis 1995, deux médicaments sont disponibles en France pour la prise en charge de la pharmacodépendance aux opiacés : méthadone et buprénorphine Haut Dosage Subutex ^® (BHD). Les essais cliniques évaluant la BHD demeurent limités, en particulier en raison des courtes durées de suivi et des faibles doses utilisées. Enfin, peu d'études se sont déroulées dans des conditions réelles d'utilisation.

Objectif : L'objectif de ce travail consistait à évaluer le taux de maintenance sous traitement de substitution à 6 mois (24 semaines) ainsi que les modalités d'utilisation des médicaments de substitution dans une cohorte de patients nouvellement traités dans les conditions de la vie réelle.

Matériel et Méthode : Nous avons constitué une cohorte de patients recevant une première prescription de méthadone ou BHD entre mars et juin 2000 à partir de la base de données de remboursement de la CPAM31. Nous avons enregistré toutes les prescriptions pendant 6 mois à partir de l'inclusion, ainsi que les autres consommations de soins (consultations, soins infirmiers, dentaires…).

Résultats : Au total, 292 patients ont été identifiés, 282 sous BHD et 10 sous méthadone. Ces patients étaient majoritairement de sexe masculin (74 %), d'âge moyen 32,4 ± 6,1 ans (DS). Au cours des 24 semaines de suivi, le nombre moyen de prescripteurs était de 2,3 [minimum 1- maximum 23 ; médiane = 2], alors que le nombre de pharmaciens s'élevait à 2,2 en moyenne [minimum 1- maximum 18 ; médiane = 2]. À 24 semaines de suivi, 70 % des patients sous méthadone et 37 % des patients sous BHD demeuraient sous traitement de substitution. Enfin, en analysant plus spécifiquement le profil des patients en fonction du nombre de prescriptions, de prescripteurs et de pharmaciens sollicités, 3 profils de patients ont pu être individualisés : 50 % d'utilisateurs « rationnels » (pas plus de 2 prescripteurs et pharmaciens, tous les patients sous méthadone), 24 % d'utilisateurs « occasionnels » (1 à 2 prescriptions en 24 semaines), et 26 % d'utilisateurs « déviants » (nombreux prescripteurs, pharmaciens et ordonnances, abus de médicaments associés en particulier de benzodiazépines).

Conclusion : En dehors des comportements marginaux, le taux de maintenance à 24 semaines et les modalités de prescriptions suggèrent une utilisation rationnelle des traitements de substitution aux opiacés pour la plupart des patients (au moins en Haute-Garonne) confirmant les résultats des essais cliniques publiés <sup>[1Barnett et al , Addiction 2001, 96, 683 ; Pani et al , Drug Alcohol Depend 2000, 60, 39 ; Fischer et al , Addiction, 1999, 94, 1337 ; Eder et al , Eur Addict Res 1998, 4 suppl 1, 3.

Cliquez ici pour aller à la section Références]</sup>. Ces résultats intermédiaires doivent être confirmés à 12 mois, notamment par l'analyse de l'impact de l'utilisation « rationnelle » des médicaments de substitution sur la prise en charge médicale. Ces premières données suggèrent cependant l'intérêt de poursuivre cette surveillance par un suivi à 18 ou 24 mois.