Les données descriptives suggèrent que les populations concernées par les DS et les TS diffèrent pour le sexe, l'âge, l'habitat et les moyens utilisés. Ce travail compare les facteurs associés aux TS et aux DS, afin de vérifier la pertinence d'un cadre conceptuel unique.

Méthodes : Les articles originaux consacrés aux DS ou aux TS réalisés en Europe et en Amérique du Nord publiés de 1995 à 1999, ont été analysés avec une grille standardisée validée et classés en 3 niveaux de qualité. Pour chaque facteur identifié, les études établissant un lien avec les DS ou avec les TS ont été dénombrées. Ont été jugés valides les facteurs des TS ou des DS identifiés dans au moins 3 études de niveau A ou B et retrouvés dans la moitié au moins des études où ils avaient été recherchés.

Résultats : Sur 134 articles, 79 (41 sur les DS et 38 sur les TS) ont été classés de niveau A ou B : 32 enquêtes de cohorte (dont 20 sur les DS) et 47 études cas témoins (dont 21 sur les DS) ; une centaine de facteurs différents ont été étudiés. Le sexe, l'âge et l'origine ethnique étaient liés à la fois aux DS (respectivement 8 fois sur 9 études, 5 sur 7 et 4 sur 7) et aux TS (respectivement 11 fois sur 16, 8 sur 11 et 3 sur 5), mais selon un sens différent. Les problèmes d'alcool étaient retrouvés dans 5 des 9 études sur les DS et 6 des 13 sur les TS. Les facteurs associés aux TS et non aux DS étaient des antécédents psychiatriques : troubles dépressifs (18 fois sur 29), toxicomanie (9 sur 14). Le chômage (4 fois sur 4), et certaines catégories socioprofessionnelles étaient incriminés. Chez les adolescents, les antécédents de maltraitance (4 sur 4), d'abus sexuels (6 sur 7), de suicide dans la famille (5 sur 7), ainsi que l'usage du tabac (3 sur 4) étaient retrouvés.

Les facteurs associés aux DS et non aux TS étaient des situations d'isolement socio familial : célibat (7 sur 8), veuvage (3 sur 3) ou immigration (3 sur 5). Diverses circonstances de dissociation familiale, et les troubles anxieux (3 sur 4) étaient retrouvés.

Conclusion : La dispersion des facteurs étudiés nuit à la progression des connaissances des comportements suicidaires. Ce travail ne permet guère de retrouver des facteurs de risque communs aux DS et aux TS.