Objectifs : Etudier la relation entre les troubles respiratoires chroniques (asthme et équivalents d'asthme) et la présence de difficultés scolaires chez les enfants de grande section d'école maternelle.

Identifier des facteurs pouvant expliquer les difficultés scolaires chez les élèves asthmatiques et équivalents asthmatiques (EA).

Méthodes : L'étude transversale portait sur un échantillon randomisé de 2 765 élèves scolarisés en grande section d'école maternelle en Alsace en 1998. Les médecins scolaires ont recueilli les données concernant la santé de l'enfant dont les signes respiratoires, ses caractéristiques socio[shy]démographiques et sa scolarité, ainsi que des éléments d'impact de son état de santé. La lecture du questionnaire a permis d'inclure 2 638 élèves dans un des 3 groupes étudiés et d'en exclure 127. Ont été retenus : 172 asthmatiques diagnostiqués, 176 EA et 2 290 enfants indemnes de toute pathologie chronique. Un enfant était en difficulté scolaire lorsqu'il présentait une prise en charge spécifique consécutive au diagnostic d'un problème d'apprentissage.

Le lien entre les troubles respiratoires et les difficultés scolaires a été analysé avec le test du χ ² (seuil α à 5 %). Une analyse multivariée par régression logistique a été utilisée pour identifier les déterminants des difficultés scolaires parmi les asthmatiques, puis parmi les EA. Un ajustement sur le niveau d'étude de la mère a été réalisé chez les asthmatiques car c'est un facteur reconnu dans la littérature.

Résultats : Les enfants avec des troubles respiratoires chroniques, qu'ils soient asthmatiques ou EA, n'ont pas davantage de difficultés scolaires que les élèves bien portants. Chez les asthmatiques, notre étude a retrouvé des déterminants associés significativement aux difficultés scolaires déjà connus : la qualité du sommeil et la pratique d'une activité sportive. Un bon sommeil (OR = 0,02 [0,002[shy]0,22]) et la pratique d'un sport en club (OR = 0,17 [0,03[shy]0,89]) étaient des facteurs protecteurs. Concernant le groupe des EA, les déterminants étaient la localisation de l'école en zone urbaine et un absentéisme scolaire >= 7 jours pour motif de santé au cours des 12 mois précédents l'enquête. L'école située en milieu urbain était un facteur de risque (OR = 4,96 [2,06[shy]11,92]) de difficultés scolaires, alors qu'un absentéisme scolaire était protecteur (OR = 0,27 [0,1[shy]0,73]).

Conclusion : Notre étude rejette l'idée qu'un élève asthmatique est, de par son statut de malade, en difficulté scolaire. Elle confirme le rôle joué par les facteurs caractérisant l'impact des troubles respiratoires (sommeil, activités) sur sa scolarité. Dans sa mission de prévention, le médecin scolaire doit être attentif aux facteurs non médicaux influençant l'apprentissage chez les élèves asthmatiques.