Objectif : Une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles est observée depuis l'avènement des traitements antirétroviraux puissants dans plusieurs pays industrialisés dont la France, faisant craindre une recrudescence de l'épidémie VIH. Nous avons étudié les caractéristiques des patients infectés par le VIH[shy]1 rapportant avoir eu des Comportements Sexuels à Risque de Transmission du VIH (CSRT) au cours de leur suivi dans la cohorte PRIMO.

Patients et méthodes : L'étude a porté sur les 223 patients inclus au cours de leur primo[shy]infection VIH dans la cohorte PRIMO entre 1996 et 2001 ayant un suivi d'au moins 3 mois. À chaque visite, les patients étaient interrogés sur l'utilisation du préservatif selon le partenaire (sexe, statut régulier ou occasionnel et sérologie VIH du partenaire). Le délai de survenue du premier CSRT a été analysé par les méthodes de survie (courbes de Kaplan[shy]Meier et modèle de Cox).

Résultats : 61 CSRT (rapport sexuel non protégé avec un partenaire de sérologie VIH négative ou inconnue) ont été rapportés par 43 patients au cours de leur suivi. La fréquence des CSRT avec des partenaires occasionnels a augmenté de 5,1 % en 1998 à 21,1 % en 2001[shy]2002. La déclaration d'un CSRT était plus fréquente parmi les patients déclarant des partenaires occasionnels (RR = 7,1 [IC95 % : 3,4[shy]14,6]), ceux ayant développé des signes de lipodystrophie ou d'anxiété/dépression au cours du suivi (RR = 3,2 [1,3[shy]8,0] et RR = 2,4 [1,0[shy]5,4] respectivement), et ceux dont la primo[shy]infection était peu ou asymptomatique (RR = 2,0 [0,8[shy]5,2]). Chez 86 % des patients rapportant un CSRT, un traitement antirétroviral avait été initié auparavant ; la charge virale plasmatique était supérieure au seuil de détection (200/500 copies/ml) dans 41 % des épisodes de CSRT, et supérieure à 10 000 copies dans 20 % de ces épisodes. Cependant, les patients rapportant un CSRT n'étaient pas plus souvent traités par antirétroviraux et n'avaient pas une charge virale plasmatique plus basse que les autres. Ceci suggère que les traitements, et/ou la réponse aux traitements, ne sont pas des déterminants majeurs de CSRT.

Conclusion : Nos résultats confirment l'augmentation récente des rapports sexuels non protégés observée chez les sujets infectés par le VIH dans plusieurs pays industrialisés. Le niveau de charge virale plasmatique observé chez ces sujets rapportant un CSRT peut faire craindre une recrudescence de l'épidémie de VIH.