Contexte et objectif : Des données concernant l'ensemble des suicidants pris en charge dans les services d'urgence sont actuellement recueillies par les 11 hôpitaux court séjour de Franche-Comté, dans le cadre d'un programme régional de prévention du suicide. En 2000-2001, nous avons estimé les taux d'incidence régionale des tentatives de suicide prises en charge à l'hôpital, en fonction du sexe, de l'âge et du département de domicile du suicidant.

Méthode : Pour chaque suicidant admis aux urgences, une fiche standardisée de 15 items a été complétée. Le recueil était nominatif dans les établissements, pour une recherche d'antériorité et la détection de doublons. Les données rendues anonymes par hachage informatique générant une clé spécifique d'identification ont été transmises au centre régional. La clé permettait le chaînage des tentatives itératives d'un même patient prises en charge dans différents hôpitaux. Ce système informatisé a reçu l'aval de la CNIL. Pour le calcul des taux, le nombre des suicidants a été rapporté aux effectifs du recensement de population 1999. Les taux d'incidence par département ont été comparés en estimant l'indice comparatif de morbidité (ICM) par rapport à l'ensemble de la Franche-Comté avec un intervalle de confiance à 95 %.

Résultats : Le nombre de suicidants pris en charge s'est élevé à 2 701 en 2000 et à 2 797 en 2001 (taux d'incidence standardisés population française respectivement 160,1 et 173,2 chez l'homme et 318,0 et 322,0 pour 10 ⁵ habitants chez la femme). Parmi les suicidants recensés en 2001, 342 (12,2 %) avaient déjà été pris en charge pour une tentative de suicide en 2000. Chez l'homme, l'incidence annuelle moyenne 2000-2001 augmentait avec l'âge jusqu'à 45 ans (taux d'incidence maximale 294,2 pour 10 ⁵ habitants chez les 35-44 ans), chez la femme l'incidence était maximale entre 15 et 24 ans (645,9 pour 10 ⁵ habitants). Par rapport à l'ensemble de la Franche-Comté, seul le département de la Haute-Sâone avait des ICM supérieurs à 100, 110,2 chez l'homme [IC 95 % 98,6-123,1], 112,6 chez la femme [IC 95 % 104,1-121,8].

Conclusion : Le système d'information mis en place en Franche-Comté permet une surveillance épidémiologique de la morbidité hospitalière par tentative de suicide. Les femmes jeunes et les habitants de la Haute Saône ont un risque élevé de tentative de suicide, ce qui justifie un renforcement des mesures de prévention et de soins dédiées à ces populations.