Introduction et problématique : L'étude présentée dans cette communication a été demandée par un service de rhumatologie du CHU Metz-Thionville afin de comprendre les trajectoires atypiques de certains patients diabétiques souffrant de maux perforants que le médical n'explique pas forcément.

Ainsi, le but de notre recherche est de présenter une étude sociologique et comparative entre une population test de diabétiques ne souffrant d'aucune complication et une population de diabétiques présentant des maux perforants. Nous avons donc formé deux groupes de vingt personnes se composant des mêmes critères d'âge et de sexe avec une ancienneté de diabète équivalente.

Notre population a été sélectionnée à l'aide d'un cahier récapitulatif des patients vus par un rhumatologue. Ces patients étaient suivis dans le cadre d'une consultation pluridisciplinaire réunissant trois corps de spécialistes : une dermatologue, une rhumatologue et une endocrinologue. Nous avons ainsi choisi les patients de la page de gauche du cahier, afin d'éviter un choix sélectif des patients les plus intéressants pour notre étude. Notre méthodologie nous a conduites ensuite à une analyse des dossiers de ces patients où étaient retracés tous les comptes rendus médicaux des consultations de ces derniers.

Analyses : Nous avons pu nous apercevoir que cette sous-population de diabétiques présentant des maux perforants, se trouvait souvent en détresse sociale, et que les liens primaires tels que la famille, ou les relations professionnelles sont souvent quasi-inexistants voire coupés. De ce fait, les conduites sociales peuvent être marginalisées, et lorsque nous savons l'importance d'un diabète bien suivi par un spécialiste, nous pouvons comprendre que dans de telles conditions d'exil social et médical les situations peuvent devenir dramatiques.

De plus, les pratiques populaires ne favorisent pas l'individu à prendre en considération son corps malade, car cela est souvent synonyme de faiblesse dans ce monde où l'on valorise l'endurance à la dureté physique. Dans un tel contexte, les individus sont confrontés d'abord à une maladie asymptomatique qui n'a pas de réalité physique, donc invisible à leurs yeux, et qui est d'autant plus difficile à prendre en considération. Le diabète apparaît alors comme une maladie sans gravité puisqu'il ne présente aucune trace sur leur corps et lorsque ces personnes ont un mal perforant celui-ci est indolore. Aussi les mises en garde du médecin n'ont aucune valeur puisque les individus n'arrivent pas à projeter les risques liés à un diabète mal soigné.

Conclusion : Nos analyses ont montré que cette population de personnes diabétiques présentant des maux perforants est très atypique. En effet, nos individus sont issus de classes sociales défavorisées connaissant des situations précaires avec en général une destruction des liens sociaux. Aussi, au delà de la première approche qui laisse croire à une non-compliance de la part de ces malades, il faut s'intéresser à l'individu tout entier et à son vécu, car l'indiscipline apparente dont font preuve ces malades laissent entrevoir des comportements socioculturels qui déterminent leur parcours de malades.

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