À l'image de la plupart des pays industrialisés qui ont connu au cours des dernières décennies un important prolongement de la vie, le Portugal connaît aussi un considérable vieillissement de sa population. Dans une période de quarante ans le taux des personnes âgées est passé de 8 % en 1960 à 16,4 % en 2001. De plus, 55 % des personnes âgées, ayant plus de 65 ans, sont analphabètes. Or, l'analphabétisme au Portugal est associé à des niveaux de vie très bas, est plus intense dans les milieux ruraux que dans les milieux urbains et est aussi plus significatif chez les femmes, d'ailleurs avec une espérance de vie plus grande que les hommes : 78,8 et 71,7 respectivement, en 1998. Au cours des dernières années on assiste aussi au retour d'un certain nombre d'émigrés qui rentrent au Portugal pour y vivre leurs vieux jours. Dans ces conditions, la tendance au vieillissement de la société portugaise, quoique quelque peu freinée actuellement par l'immigration, n'en demeure pas moins réelle et préoccupante.

Le vieillissement de la population a d'énormes conséquences pour les systèmes d'aide aux personnes âgées : retraite, hébergement, santé, mais aussi sur les structures familiales et de santé dans leur rôle de soutien, surtout quand elles deviennent plus dépendantes. On sait, par les données de santé, que beaucoup de ces personnes sont considérées comme des malades et, généralement, en demande de soins soit à domicile soit auprès des institutions de santé, notamment les hôpitaux et les Centres de Santé, ou encore les deux à la fois.

Ce processus de redéfinition des responsabilités respectives est particulièrement visible dans le domaine de la prise en charge des personnes âgées et dans les stratégies en pleine expansion de maintien à domicile. L'aspiration à pouvoir demeurer chez soi le plus longtemps possible est forte chez les personnes âgées et l'institutionnalisation est de plus en plus considérée comme une mesure de dernier recours. Des reformes socio sanitaires en cours au Portugal sont caractérisées par la volonté de réorienter une partie des soins institutionnels spécialisés vers des services simples et généraux dispensés au niveau de la famille et des communautés locales.

Notre travail, en s'appuyant sur une étude de cas, est centré sur deux domaines de recherche : une étude analytique concernant les solidarités familiales, en termes de santé, vis-à-vis des personnes âgées et l'articulation qu'en découle avec les services de santé et la communauté locale ; saisir la dynamique du processus qui ressort de cette relation engageant des professionnels de santé, les usagers et les chercheurs en sciences sociales.