Position du problème : Tout médicament acquis et non consommé, après ou non-prescription médicale, est désigné sous le terme de « Médicament Non Utilisé » (MNU). Diverses campagnes médiatiques de santé publique invitent les Français à déposer ces MNU dans les officines. À ce jour, il existe peu de données chiffrées sur les quantités de MNU collectés et sur leur devenir, voire leur réutilisation. Une enquête a donc été réalisée dans les pharmacies du Puy-de-Dôme.

Méthode : Un échantillon aléatoire d'1/5 des officines a été constitué par sondage stratifié simple, à partir de la liste de toutes les officines du département du Puy-de-Dôme, réparties en 4 strates selon leur lieu d'implantation. Dans chaque officine, une collecte exhaustive de tous les MNU rapportés par les patients a été réalisée sur 3 périodes d'une semaine au cours de l'année 1998. Pour chaque MNU ont été enregistrés le nom de spécialité, le code CIP (Code de l'Industrie Pharmaceutique), le prix, le taux de remboursement par la Sécurité Sociale, la présence de la mention « spécimen médical gratuit », l'inscription sur une liste de substances vénéneuses, l'inscription sur la liste des médicaments essentiels définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'inscription sur la liste des médicaments à prescription et/ou dispensation hospitalière, l'état du produit (entamé ou non), ainsi que sa classe thérapeutique et sa forme galénique.

Résultats : 10 254 MNU, soit 717 kg, ont été collectés. Leur répartition par classe thérapeutique est superposable à celle obtenue lors de l'étude des médicaments les plus commercialisés en France. Ces MNU correspondent à une estimation monétaire de 405 845 FF (base prix public TTC). 90,4 % d'entre eux sont remboursables par la Sécurité Sociale. Ils représentent un très faible pourcentage (3,6 %) des remboursements effectués dans le Puy-de-Dôme sur la même période d'étude. Parmi tous les MNU collectés, seulement 20 % sont valorisables et potentiellement réutilisables pour des actions humanitaires ; ils correspondent à une estimation monétaire de 87 456 FF, soit 0,78 % des remboursements annuels effectués par la Sécurité Sociale dans le Puy-de-Dôme. En intégrant la notion d'essentialité définie par l'OMS, il apparaît que 43,4 % des médicaments valorisables sont des médicaments essentiels ou assimilés.

Conclusions : Bien qu'importants en volumes, les MNU sont peu souvent réutilisables et, de ce fait, de plus en plus délaissés par les associations humanitaires, pour des raisons de coût de collecte et de rentabilité. Cependant, une collecte organisée des MNU paraît justifiée dans une optique de protection de l'environnement et de prévention des accidents domestiques.

Background: An unused drug (UD) is defined as a drug which is purchased, after prescription or not, but which is not taken. Public health campaigns in France have requested people to return these drugs to their pharmacy. To data, few data have been available concerning the quantity of collected UD and their potential re-use. A study was performed in the pharmacies of the Puy-de-Dôme region in France to describe the UD circuit.

Methods: A random sample of 1 out of 5 pharmacies in the Puy-de-Dôme region (France) were defined by single level stratified sampling from the list of all pharmacies operating in the region. An exhaustive record of all UD people brought back to these pharmacies was made in 1998 during three 1-week periods. The following data were recorded for each UD: the name of the drug, the pharmaceutical industry code (CIP), the price, the rate of social Security refunding, the mention of “free specimen” on the package, the inscription on the list of poisonous substances and on the list of essential drugs defined by the World Health Organization (WHO), the registration on the list of drugs reserved for hospital use, the packaging notice (opened or not), the therapeutic class, and the formulation.

Results: 10,254 US (717kg) were collected during the study period. The therapeutic classes of the UD were similar to those of drugs purchased in France. According to the selling price, these UD had an economic value of 405,845FF (i.e. 3.6% of Social Security refundings paid in the Puy-de-Dôme region during this same period). Only 20% of the UD were potentially reusable for humanitarian purposes. Their estimated economic value was 87,456FF (i.e. 0.78% of the annual Puy-de-Dôme Social Security refunding). Moreover, 43.4% of the reusable drugs were on the WHO list of essential drugs.

Conclusion: Although the volume of collected UD is high, use by humanitarian associations is on the decline because of the cost of collection and low economic yield. Furthermore, UD must be collected in a systematic manner to preserve the environment and prevent domestic accidents.