Emergence de la résistance aux azolés d’Aspergillus fumigatus chez les patients atteints de BPCO : circulation entre les réservoirs cliniques et environnementaux - 16/06/16
Résumé |
Objectif |
L’émergence de la résistance aux azolés d’Aspergillus fumigatus a été rapportée chez les patients exposés aux azolés, mais également chez les patients naïfs ou dans l’environnement. Dans ce contexte, notre étude avait pour objectif, d’une part, de déterminer la prévalence de colonisation et d’exposition domestique à A. fumigatus de patients atteints de BPCO naïfs, et, d’autre part, de détecter et caractériser les isolats d’A. fumigatus résistants aux azolés et/ou présentant des mutations du gène cyp51A afin de clarifier la circulation de ces isolats entre les réservoirs cliniques et environnementaux.
Méthodes |
Soixante-quinze échantillons respiratoires provenant de 41 patients atteints de BPCO, ainsi que des échantillons environnementaux provenant des domiciles de 36 de ces patients (principalement des capteurs électrostatiques à poussières exposés 10 semaines dans la chambre du patient) ont été collectés prospectivement au CHRU de Lille entre août 2011 et février 2015. Les isolats cliniques et environnementaux d’A. fumigatus résistants aux azolés ont été sélectionnés par culture sur milieu de Sabouraud additionné d’itraconazole (ITZ) et l’identification d’A. fumigatus a été confirmée par culture à 50°C, et séquençage des gènes codant pour les régions ITS des ARN ribosomaux et pour la béta-tubuline. Puis les mutations du gène cyp51A ont été détectées par séquençage pour tous les isolats d’A. fumigatus. Enfin, les CMI de l’ITZ, du voriconazole et posaconazole ont été déterminées pour les isolats avec croissance positive sur milieu ITZ et/ou mutation du gène cyp51A.
Résultats |
A. fumigatus a été détecté dans les échantillons respiratoires de 11/41 patients (26,8 %) et dans 15/36 domiciles (41,7 %), permettant l’isolement de 68 isolats cliniques et 48 isolats environnementaux. La croissance sur milieu ITZ était positive pour 4 isolats cliniques de 2/41 patients (4,9 %) et 3 isolats environnementaux de 2/36 domiciles de patients (5,6 %). Parmi les isolats cliniques, 1 ne présentait pas de mutation du gène cyp51A et 3 autres, provenant d’1 patient, présentaient une mutation A284T. Deux isolats environnementaux provenant de 2 patients différents présentaient la mutation TR34/L98H, et 1 isolat, la mutation H285Y. La croissance sur milieu ITZ était négative pour les 109 isolats restants, mais 4 isolats environnementaux présentaient la mutation F46Y/M172V/N248T/D255E/E427K (n=3) ou F46Y/M172V/E427K (n=1). La coexistence de différents génotypes cyp51A et/ou profils de résistance aux azolés a été détectée dans 3/8 échantillons respiratoires et 2/10 prélèvements environnementaux où plus d’1 isolat d’A. fumigatus avait été détecté (i. e. 37,5 % et 20,0 %, respectivement).
Conclusion |
La détection d’isolats d’A. fumigatus d’origine environnementale résistants aux azolés confirme le rôle des pesticides azolés utilisés en agriculture dans l’émergence de cette résistance. Par ailleurs, la fréquence élevée de détection de ces isolats dans les domiciles de patients atteints de BPCO suggère que l’exposition domestique pourrait avoir un rôle dans la contamination des patients. Enfin, la coexistence d’isolats sensibles et résistants aux azolés dans les échantillons cliniques indique que la détermination des CMI à partir d’une seule colonie, généralement pratiquée en routine, n’est pas suffisante pour exclure la présence d’isolats résistants aux azolés, et qu’un dépistage plus large est nécessaire chez les patients qui doivent être traités.
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Vol 26 - N° 2
P. e7-e8 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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