Nutrition et grossesse - 01/01/98
Hôpital Sud CHU de Grenoble, BP 185, 38042 Grenoble cedex 9 France
Laboratoire de biochimie métabolique et exploration nutritionnelle, faculté de médecine et de pharmacie de Grenoble, 38706 La Tronche cedex France
Résumé |
« Comment l'homme pourrait-il se reproduire alors que la disponibilité alimentaire s'est souvent réduite à l'extrême au cours de son histoire ?...Les experts passent sous silence l'adaptation. Ils l'omettent dans leur calcul et c'est ainsi que les apports recommandés ou conseillés ne sont rien d'autre que les besoins de base d'une part, et des besoins spécifiques liés soit à la grossesse, soit à l'allaitement » (J REY, 1986)
La grossesse est une période d'importantes modifications physiologiques au cours de laquelle les besoins foetaux nécessitent des apports réguliers et équilibrés fournis par l'alimentation et les réserves maternelles. Ces deux facteurs conduisent à un nouvel équilibre nutritionnel dont on commence à percevoir aujourd'hui ses implications éventuelles dans le déroulement harmonieux de la gestation [29] .
Si l'espèce humaine a pu démontrer au cours de l'histoire, et démontre encore actuellement, que lors d'une alimentation insuffisante les conséquences maternelles et foetales sont limitées, ce n'est en fait que l'illustration de l'extraordinaire pouvoir d'adaptation des échanges maternofoetaux. Les besoins nutritionnels essentiels du foetus sont ainsi couverts aux dépens de sa mère en dehors de situations extrêmes de famines ou de carences graves en micronutriments. Mais ces besoins foetaux ne sont couverts, lors des apports alimentaires insuffisants, qu'au détriment des réserves de la mère dont on apprécie encore mal les conséquences ultérieures chez celle-ci.
Si les besoins caloriques sont en principe satisfaits, et même au-delà, dans les pays industrialisés, l'alimentation est de plus en plus souvent déséquilibrée en faveur des glucides, des lipides et insuffisante en micronutriments dont les réserves maternelles sont limitées ou inexistantes entraînant des subcarences dont les répercussions sur le foetus font l'objet de nombreuses études mais dont l'incidence sur la croissance foetale et le déroulement de la grossesse commence à être connue. En outre, l'eutrophie foetale ne doit pas être uniquement analysée en termes pondéral, mais les apports au foetus doivent assurer les bases du développement postnatal tant au niveau physique que mental. La nutrition au cours de la grossesse doit donc non seulement apporter les nutriments essentiels au développement foetal tout en conservant un métabolisme maternel optimal mais aussi respecter un équilibre en micronutriments et fournir un certain nombre d'éléments indispensables au développement cérébral. C'est dans cette optique qu'une supplémentation nutritionnelle semble justifiée. Il est essentiel de la codifier en fonction des besoins réels : doit-elle être systématique ou sélective ? À quel moment doit-on la proposer ? Doit-il s'agir d'une polysupplémentation ou d'une supplémentation élective en certains éléments ? En apprécions-nous vraiment les véritables conséquences ?
Plan
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