Le but de ce travail est le repérage de substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) dans les fiches de données de sécurité (FDS) de 53 entreprises adhérentes, hors laboratoires d’analyses et entreprises d’usinage de métaux évalués dans le cadre du Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens.

L’analyse de 491 FDS a été faite pour 30 entreprises en 2014 et 23 entreprises en 2015, suite à une visite d’entreprise ou à des demandes spécifiques de médecins du travail.

L’analyse des FDS retrouve 34 substances CMR dans les produits utilisés. Dix-neuf entreprises sur 53 utilisent au moins une substance CMR, soit 35,8 % d’entreprises exposées.

Les substances les plus fréquemment rencontrées dans les mélanges sont : les solvants naphtas (15 fois) le styrène et le n-hexane (5 fois), le toluène, l’éthylbenzène, le formaldéhyde et le trichloréthylène (3 fois), la silice cristalline, le dioxyde de titane et le nitriloacétate trisodique (2 fois). Les solvants naphtas voient leur classification dépendre de leur teneur en impuretés de benzène, parfois manquante sur la FDS. Un appel au fournisseur confirme 9 fois sur 10 une teneur en benzène inférieure à 0,1 % et une absence de classification CMR.

Dans cette étude, les secteurs les plus exposés sont ceux de la recherche et du développement en chimie et pharmacie (6/19 entreprises) qui totalisent 15 des 34 substances CMR repérées. Ces secteurs sont également ceux qui travaillent avec des protections collectives et individuelles adaptées et une bonne connaissance du risque chimique.

Six entreprises sur 19 n’utilisent qu’une seule substance CMR. Ces entreprises se répartissent entre l’hôtellerie-restauration, la coiffure et l’esthétique et les cliniques de soins (2 cas chaque). Il a été possible de substituer les produits par d’autres sans CMR dans 5 cas sur 6, en s’adressant directement au fournisseur.

Sept autres entreprises utilisent au moins 2 produits CMR. On retrouve les secteurs de la plasturgie, du traitement de surface et de la mécanique automobile (2 cas chaque) et 1 entreprise fabricant des pastels. Le risque est souvent ignoré.

Cette étude rétrospective de 2ans a montré que pour les 53 entreprises dont les FDS ont été analysées, plus du tiers manipulent au moins 1 agent CMR. Quand cela était possible, une substitution a été proposée. Dans le cas contraire, l’analyse a permis une réflexion autour du risque, parfois méconnu. L’analyse des FDS devrait être systématique et compléter chaque fiche d’entreprise. Elle se heurte cependant trop souvent à des difficultés rencontrées sur le terrain: FDS absentes de l’entreprise ou trop anciennes, employeurs réticents.