Les périodes de mise à disposition des unités lors des grands arrêts (GA) nécessitent des opérations de rinçage, vidange, dégazage, qui peuvent entraîner par déconfinement des situations d’expositions spécifiques, non documentées par les mesures effectuées par le plan d’hygiène industrielle réalisé annuellement en marche normale d’unité.

Le service médical de la raffinerie de Normandie a réalisé deux années consécutives, lors de GA sur le secteur de production des huiles, des campagnes de mesures atmosphériques (MA) par badges pour le furfural et le toluène associées aux indicateurs biologiques d’exposition (IBE) urinaires : acide furoïque et toluène urinaire (début et fin de poste).

Nous nous attacherons à restituer les résultats et enseignements de la deuxième campagne de prélèvement concernant l’évaluation de l’exposition au furfural, solvant à pénétration respiratoire et cutanée (coloration jaune de la peau bien visible en cas de contact).

Les plans de prévention élaborés lors de la préparation des travaux d’arrêts sont très attentifs au risque d’exposition respiratoire et le port du masque A ventilation assistée (MAVA) ou de l’appareil respiratoire isolant (ARI) étaient requis pour certains travaux.

Pour le furfural : réalisation de 97 badges et 202 IBE (début et fin de poste) sur une période de 25jours (personnel Total et personnel d’entreprises extérieures).

Résultats pour les mesures atmosphériques (valeur limite exposition court terme [VLCT] du furfural 2ppm) : 63<10 % VLCT, 10 %<15<30 % VLCT, 16>30 % VLCT, 3>VLCT.

Résultats pour les IBE fin de poste (acide furoïque valeur limite [VL] ACGIH 200mg/L fin de poste ? <13mg/L population générale [PG]) : 31<PG ; PG<55<VL ; 15>VL ;

Le traitement des résultats montre que la protection respiratoire était adaptée et nécessaire lors de certaines journées de travail durant lesquelles des niveaux supérieurs à la VLCT ont été mesurés. Il montre également, par les IBE, que certains opérateurs porteurs de protection respiratoire ont néanmoins été exposés, probablement par voie cutanée. Ces situations d’exposition regroupées en particulier sur deux journées nous ont amenés à nous rapprocher des exploitants qui ont pu identifier des situations critiques lors de la mise à disposition.

Ce travail valide l’intérêt de campagnes spécifiques de mesurage durant les phases d’arrêt. Il attire l’attention sur l’importance d’une évaluation globale des voies d’exposition et donc sur le choix et le renouvellement des équipements de protection individuelle. Enfin, il souligne la nécessité d’adaptation et de réactivité en termes de protection collective et individuelle en fonction des aléas des chantiers.