Les câbles du réseau téléphonique parisien sont gainés de plomb et installés dans des galeries souterraines. Les travaux de modernisation en cours peuvent être à l’origine de fortes expositions au plomb et d’intoxication quand les règles d’hygiène adaptées ne sont pas strictement appliquées. C’est ce qu’illustre la série de cas que nous rapportons.

Une petite entreprise de 11 salariés a contracté avec un opérateur téléphonique pour le remplacement des câbles gainés de plomb du réseau souterrain parisien, par des faisceaux de fibre optique. Les câbles étaient soit découpés à la cisaille puis remontés en tronçons dans des paniers, soit tractés en surface pour y être découpés. Les tronçons étaient finalement chargés manuellement dans une benne. Une autre équipe était chargée de la pose et du raccordement des câbles de substitution en fibre optique ; elle était constituée de deux sous-groupes : le premier tractait les faisceaux de fibre en surface ; le second effectuait les raccordements en souterrain. La première plombémie a été mesurée plusieurs semaines après le début du chantier : elle était comprise entre 340 et 814μg/L (médiane 478μg/L) chez les 6 salariés qui découpaient des câbles en galerie ; elle était de 116 et 35μg/L chez les 2 individus qui chargeaient la benne, de 12 et 23μg/L chez deux autres qui tractaient les fibres optiques en surface et de 329μg/L chez celui qui effectuait les raccordements souterrains. L’enquête initiale a montré que les salariés n’étaient pas informés des dangers du plomb et des mesures à prendre pour s’en protéger ; en conséquence ils ne respectaient pas les règles d’hygiène élémentaires. Leur information et la mise à disposition d’un camion vestiaire avec des zones propre et sale bien identifiées et séparées, ainsi que d’équipements de protection individuelle adaptés se sont accompagnées de la rapide diminution des plombémies. Cependant, 17 à 25 mois après ces aménagements, elles restaient comprises entre 267 et 427μg/L chez 4 des 6 salariés les plus contaminés ayant bénéficié d’un contrôle de la plombémie et une enquête environnementale a montré la persistance de fortes contaminations des mains des salariés intervenant en galerie et aussi des surfaces du camion vestiaire, tant en zone propre qu’en zone sale.

Le remplacement de câbles téléphoniques en milieu urbain est une nouvelle source d’exposition professionnelle au plomb (principalement pour les salariés qui opèrent dans les galeries souterraines), souvent méconnue des petites entreprises impliquées. En conséquence, les médecins du travail concernés n’en sont souvent que tardivement informés.