L’adjonction d’azathioprine aux corticoïdes en traitement d’induction augmente-t-elle le taux de mise en rémission et diminue-t-elle le taux de rechute au cours des vascularites nécrosantes systémiques sans facteur de mauvais pronostic ? Étude CHUSPAN 2 - 26/05/16
Groupe français d’étude sur les vascularites1
Résumé |
Introduction |
La corticothérapie permet la mise en rémission chez la plupart des patients atteints de vascularite nécrosante systémique sans facteur de mauvais pronostic selon le Five-Factor Score 1996 (FFS comprenant créatininémie >140μmol/L, protéinurie >1g/24h, atteinte spécifique gastro-intestinale, cardiaque ou du système nerveux central). Cependant, plus d’un tiers d’entre eux rechute, essentiellement pendant les deux premières années d’évolution de la vascularité. L’objectif de cette étude était de déterminer si l’association d’azathioprine et de corticothérapie permettait d’augmenter le taux de mise en rémission et de diminuer le taux de rechute ultérieure, par rapport à une corticothérapie seule, chez des patients ayant une granulomatose éosinophilique avec polyangéite, une polyangéite microscopique ou une périartérite noueuse, nouvellement diagnostiquée et de bon pronostic, sans augmenter les effets indésirables.
Patients et méthodes |
Dans cette étude prospective, multicentrique, randomisée en double aveugle, tous les patients ont reçu une corticothérapie initialement à 1mg/kg/j, puis progressivement interrompue en 12 mois (les patients asthmatiques étaient autorisés à décroître la corticothérapie jusqu’à la posologie minimale nécessaire contrôlant les symptômes respiratoires) et ont été randomisés pour recevoir parallèlement 12 mois de placebo ou d’azathioprine per os (2mg/kg/jour). Les patients ont été suivis pendant 12 mois supplémentaires. Le critère principal d’évaluation était le taux de mise en rémission sans rechute ultérieure (mineure ou majeure) à 24 mois. Les analyses ont été faites en intention de traiter modifiée et ajustées selon la vascularite.
Résultats |
Parmi les 101 patients éligibles, 95 (51 atteints de granulomatose éosinophilique avec polyangéite, 25 de polyangéite microscopique, 19 de périartérite noueuse) remplissaient les critères d’inclusion et ont reçu au moins une dose d’ azathioprine (n=46) ou de placebo (n=49). Le critère principal de mise en rémission sans rechute ultérieure à M24 était atteint chez 24 patients (52,2 %) recevant le traitement contre 25 (51,0 %) patients ayant reçu le placebo (odds ratio [OR] 0,93 ; [IC 95 %, 0,40–2,17]). Les critères secondaires d’évaluation étaient aussi comparables dans les deux groupes : taux de mise en rémission initiale (95,7 % contre 87,8 % ; OR 2,71 [0,44–16,71]) ou nombre de patients avec rechute mineure (30,2 % contre 28,5 %) ou majeure (11,6 % contre 11,9 %) (OR 1,28 [0,52–3,13]). Deux patients (4,1 %) du groupe recevant l’azathioprine sont décédés à M11 (1 mort subite en rémission complète, 1 insuffisance cardiaque à l’âge de 86ans). La posologie moyenne ou cumulative et l’aire sous la courbe de la corticothérapie étaient également comparables entre les groupes. Au moins 1 effet secondaire sévère lié au traitement est survenu chez 8 (17,4 %) patients recevant le traitement par azathioprine contre 3 (6,1 %) ayant reçu le placebo (OR 3,23 [0,76–13,70]). Pour les patients atteints de granulomatose éosinophilique avec polyangéite, aucune différence n’a été mise en évidence entre les deux bras pour le critère principal d’évaluation et pour le nombre de patients ayant une exacerbation de l’asthme et/ou des manifestations rhino-sinusiennes.
Conclusions |
L’adjonction d’azathioprine à la corticothérapie par rapport à une corticothérapie seule ne permet pas d’augmenter le taux de mise en rémission ou de diminuer le taux de rechute, n’a pas d’effet d’épargne cortisonée chez des patients avec une vascularite nécrosante systémique sans facteur de sévérité, et ne réduit pas les exacerbations d’asthme/rhino-sinusiennes au cours de la granulomatose éosinophilique avec polyangéite.
Financement |
L’essai CHUSPAN2 a été financé par le ministère de la Santé (PHRC P060243) et promu par l’AP–HP ; ClinicalTrials.gov NCT00647166.
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Vol 37 - N° S1
P. A66 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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