Intérêt du dosage de la procalcitonine pour le suivi des vascularites à ANCA : données issues d’une cohorte de 101 patients - 26/05/16
Résumé |
Introduction |
Les vascularites à ANCA constituent un groupe de maladies rares. Leur présentation clinique est souvent polymorphe au moment du diagnostic ou lors des rechutes. L’utilisation des immunosuppresseurs associés à la corticothérapie générale a permis l’amélioration du pronostic vital et la diminution des rechutes qui restent cependant fréquentes, et cela au prix de complications infectieuses. L’objectif principal de notre étude était de préciser l’intérêt du dosage de la procalcitonine pour distinguer une poussée de vascularite d’un épisode infectieux bactérien.
Patients et méthodes |
Nous avons inclus 101 patients répondant aux critères diagnostiques de granulomatose avec polyangéite (n=74), de granulomatose éosinophilique avec polyangéite (n=22) et de polyangéite microscopique (n=5) selon l’American College of Rheumatology et la nomenclature de Chapel Hill. Le diagnostic a été porté entre 1986 et 2015. Le suivi moyen était de 6ans. L’étude des dossiers a permis d’extraire les données cliniques et paracliniques au moment du diagnostic et de poussées de la vascularite et d’épisodes infectieux. Le diagnostic d’épisode infectieux bactérien reposait sur un tableau clinique compatible et/ou une preuve microbiologique. Le diagnostic de poussée de la vascularite reposait sur une élévation du Birmingham Vasculitis Score (BVAS) 2003 pour les patients atteints de polyangéite microscopique ou de granulomatose éosinophilique avec polyangéite et du BVAS/WEG pour les patients atteints de granulomatose avec polyangéite. La mesure de la procalcitonine était réalisée par dosage quantitatif sur automate Kryptor® (Thermo Fischer) dans 70 % des cas. Dans les cas antérieur à 2005, une technique d’immunochimiluminescence moins sensible était utilisée. Le test de Wilcoxon a été réalisé pour comparer les variables quantitatives.
Résultats |
54 patients ont présenté 98 poussées à une dose moyenne de 9,7mg/j de prednisone. Il s’agissait de granulomatose avec polyangéite dans 70 % des cas. Le dosage de la procalcitonine était disponible pour 51 de ces poussées (BVAS moyen de 5,3 et BVAS/WEG de 5,1). 57 patients ont présenté 110 épisodes infectieux (74 d’origine bactérienne, 34 d’origine virale et 2 d’origine fongique). La dose moyenne de prednisone lors de ces infections était de 19mg/j. La concentration de procalcitonine était plus élevée au moment d’une infection bactérienne que lors d’une poussée, notamment lors des 15 infections documentées bactériologiquement (0,36μg/l vs 0,08μg/l ; p=0,0013). La sensibilité du dosage de la procalcitonine était de 87 %, la spécificité de 72 % pour un seuil optimal de 0,11. À l’état basal, concentration de la procalcitonine disponible 36 fois chez 19 patients était, en moyenne de 0,07μg/l (0,02–0,12). Nous n’avons pas mis en évidence de corrélation entre la valeur de la concentration de procalcitonine et le BVAS ou BVAS/WEG. En revanche la concentration de procalcitonine était plus élevé au moment du diagnostic que lors des périodes de rémission, respectivement 0,53μg/l et 0,06μg/l (p=0,0013).
Discussion |
À ce jour, 5 études ont été publiées sur l’utilisation du dosage de la procalcitonine dans les vascularites à ANCA. Les effectifs étaient réduits (de 22 à 63 patients) et seulement une étude utilisait une des méthodes de dosage les plus performantes (Kryptor®). 3 études retrouvent une concentration de procalcitonine plus élevée au cours d’épisodes infectieux bactériens (respectivement, en moyenne : 1,06 ; 1,36 et 1,93μg/l) par rapport à des périodes de vascularite active (respectivement, en moyenne de 0,06μg/l, en médiane à 0,19μg/l). 2 études retrouvent une élévation de la concentration de procalcitonine lors des poussées de la vascularite par rapport à des périodes de rémission (respectivement, en moyenne : 0,288 vs 0,049μg/l et 0,58 vs 0,2μg/l). Le caractère rétrospectif de l’étude n’a pas permis de disposer des résultats du dosage de la procalcitonine pour tous les épisodes d’intérêt et entraîne un biais. Mais elle rapporte pour la première fois cette mesure dans un nombre significatif d’épisodes infectieux documentés pour cette population.
Conclusions |
La procalcitonine reste un marqueur biologique imparfait. Ses qualités extrinsèques sont améliorées par une meilleure connaissance de son interprétation selon le contexte. Notre étude permet de montrer que le dosage de la procalcitonine apporte une information supplémentaire dans des situations au cours desquelles il est souvent difficile de différencier au premier abord une infection d’une poussée de vascularite.
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Vol 37 - N° S1
P. A65-A66 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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