Effets psychotropes aigus de la stimulation subthalamique bilatérale et de la lévodopa dans la maladie de Parkinson - 01/03/08
A. Funkiewiez [1],
C. Ardouin [1],
P. Krack [1],
V. Fraix [1],
N. van Blercom [1],
J. Xie [1],
E. Moro [1],
A.-L. Benabid [2],
P. Pollak [1]
Voir les affiliationsIntroduction : La stimulation cérébrale profonde (SCP) du noyau subthalamique (NST) améliore les symptômes moteurs dopa-sensibles de la maladie de Parkinson (MP), permettant une baisse importante du traitement dopaminergique. La lévodopa n'agit pas sélectivement sur la boucle motrice. En effet, elle a un effet antidépresseur et anxiolytique dans la MP, et elle peut induire une manie. Qu'en est-il de la SCP du NST ? Sous SCP chronique du NST, des changements de l'humeur opposés, telles l'apparition d'une manie ou d'une dépression, ont été rapportés qui, théoriquement, peuvent être liés à des modifications du traitement dopaminergique, des paramètres de stimulation ou des deux. Pour essayer de faire la part des choses, nous avons évalué les effets psychotropes subjectifs aigus de la lévodopa et de la stimulation cérébrale profonde à l'aide de la version française de l' Addiction Research Center Inventory (ARCI).
Méthodes : Après un suivi moyen de 12 mois, 50 patients, hospitalisés de façon consécutive pour un suivi systématique de leur SCP du NST dans le cadre d'une MP, ont rempli, en parallèle de leur évaluation motrice, le questionnaire de l'ARCI dans quatre conditions différentes : sans stimulation ni lévodopa, sans stimulation sous lévodopa, sous stimulation sans lévodopa, sous stimulation et lévodopa.
Résultats : La lévodopa et la stimulation du NST ont toutes les deux amélioré les cinq sous-échelles de l'ARCI, ce qui indique une amélioration de la sensation subjective de bien-être, un effet euphorisant, une augmentation de la motivation, une baisse de la fatigue, de l'angoisse et de la tension. Une dose supraliminaire de lévodopa était plus efficace que la stimulation du NST avec les paramètres électriques chroniques sur quatre des cinq sous-échelles de l'ARCI (p < 0,0001).
Discussion : La lévodopa et la stimulation du NST ont toutes les deux des effets psychotropes aigus bénéfiques dans la MP, avec une efficacité supérieure de la lévodopa à dose supraliminaire par rapport aux paramètres chroniques de stimulation. Ces effets sont synergiques et doivent être pris en compte dans la gestion post-opératoire des malades. Des états euphoriques observés fréquemment en phase post-opératoire ou les rares manies post-opératoires sont attribuables à un effet spécifique de la stimulation du NST en association avec le traitement dopaminergique. Dans les mois qui suivent, on observe plus souvent une apathie, voire une dépression, qui s'installent à la suite de la résorption de l'oedème post-opératoire dans la cible et en parallèle de la perte des effets à long terme du traitement dopaminergique qui est réduit en moyenne de > 50 p. 100. Une réaugmentation du traitement dopaminergique permet alors d'améliorer l'état thymique. Ces résultats ainsi que ceux de l'imagerie fonctionnelle sont compatibles avec un rôle limbique du NST dans la maladie de Parkinson. Nous postulons une hyperactivité de la partie limbique du NST à la base des troubles de l'humeur de la MP, notamment l'apathie, la dépression et l'angoisse.
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Vol 159 - N° SUP 1
P. -1--1 - janvier 2003 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.