Évaluation neuropsychologique et psychopathologique dans la sclérose en plaques - 01/03/08
G. Defer [1]
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Les perturbations cognitives et les manifestations psychiatriques de la SEP sont connues de longue date. Malgré cela, ces troubles n'ont commencé à être correctement et régulièrement évalués sur le plan scientifique que depuis une quinzaine d'années. Ce type d'évaluation a connu dernièrement un regain d'intérêt en raison des nouveaux traitements de la maladie et de la prise en charge découlant de leur prescription.
Les manifestations psychiatriques incluent principalement la dépression et l'anxiété. La dépression est le plus souvent légère et modérée, mais le risque de suicide paraît beaucoup plus élevé que dans la population générale. Elle n'est pas corrélée à la durée des symptômes, au type de la maladie ou au degré de handicap. L'euphorie et le rire et pleurer pathologiques qui peuvent être associés, sont plus fréquents en cas de maladie évoluée. Les troubles bipolaires ou l'alexithymie sont plus rares. La question d'une personnalité pré-morbide a été posée pour la dépression, mais n'a pas été confirmée alors qu'elle est suspectée pour les troubles bipolaires.
Les troubles cognitifs sont observés dans 40 à 65 p. 100 des cas à un moment donné de la maladie. Ils concernent principalement la mémoire de travail, et à long terme, les fonctions exécutives et l'attention, alors que l'efficience intellectuelle globale n'est que plus tardivement altérée. Si les troubles peuvent apparaître précocement, il n'y a généralement pas de corrélation avec le handicap physique ou la durée de la maladie. Les SEP progressives ont globalement de moins bonnes performances que les rémittentes aux évaluations cognitives, et parmi celles-ci les secondairement progressives sont classiquement plus touchées que les progressives primaires. À déficit cognitif égal, la progressivité serait un facteur négatif d'évolutivité.
L'évaluation neuropsychologique et psychopathologique des patients doit aborder la question du pourquoi, du comment et du quand. Si l'évaluation psychopathologique par l'entretien dirigé ou non ne pose guère de problème, surtout si les symptômes psychiatriques sont au premier plan, il n'en est pas de même de l'évaluation cognitive qui doit être expliquée et justifiée auprès des patients qui n'ont pas de plainte. Cependant, la détection de tels troubles permet de mieux expliquer et organiser la prise en charge. L'évaluation reposera sur le plan psychiatrique, sur l'entretien et l'utilisation d'échelles pour analyser le niveau de dépression et/ou d'anxiété. Sur le plan cognitif, on privilégiera des évaluations psychométriques réduites, centrées sur les dysfonctionnements connus de la maladie. Elles devront être réalisées en dehors de tout contexte d'hospitalisation, de traitement de la poussée, d'introduction de traitement psychotrope, et après explication de la procédure et évaluation parallèle du niveau d'anxiété, de dépression, de fatigue et de préférence par une neuropsychologue connaissant la maladie. L'évaluation devra toujours être adaptée au contexte et aux objectifs. Les premiers entretiens devront permettre d'apprécier l'état psychopathologique qui devra être réévalué à chaque consultation. Une évaluation cognitive sera principalement proposée avant l'introduction d'un traitement par interféron, en cas de plaintes spontanées du patient, ou de difficultés d'organisation dans les activités personnelles et/ou professionnelles. Dans tous les cas, on priviligiera une prise en charge multidisciplinaire.
Neuropsychological and psycopathological assessment in multiple sclerosis. |
Cognitive and psychiatric disorders have long been described in MS. However, these symptoms were only well evaluated starting about fifteen years ago. More recently, there has been renewed interest in cognitive and psychiatric assessment in MS, especially due to the emergence of new therapies for the disease.
Psychiatric symptoms mainly include depression and anxiety. Depression is generally moderate, but there is a risk of suicide that is clearly higher than in the general population. Depression is not correlated with the duration of symptoms, type of disease or level of disability. Mild elation and pathological laughing and crying can be associated and are more frequent in case of severe disease.
Bipolar affective disorders and alexithymia are more rare. The question of premorbid personality has been questioned for depression but not confirmed. It has been suspected for bipolar affective disorders.
Cognitive disorders are observed in 40 to 65% of the cases at any period of the disease. They mainly include an impairment of working and long-term memory, executive functions and attention whereas global intellectual efficiency is impaired later. While cognitive disorders can be observed early in the course of the disease, there is no correlation with the level of disability or duration of the disease. Progressive MS and especially secondary progressive then primary progressive forms are more subject to cognitive deficits than relapsing remitting MS. For a similar cognitive impairment, progression could be a negative factor for the disease course.
Cognitive and psychiatric assessment of patients can be discussed on the basis of why, how and when.
Psychiatric assessment is not particularly difficult when there are psychiatric complaints, but cognitive assessment should be explained to the patients and justified when there is no complaint. However, detection of cognitive deficits would lead to better patient management.
Psychiatric assessment will mainly use controlled or open interviews and assessment scales to evaluate the level of depression and / or anxiety. For cognitive assessment, short-term batteries focusing on the main dysfunctions are recommended. Psychometric evaluation should not be performed during a period of relapse, hospitalization or immediately after starting drug therapy for depression or anxiety. The cognitive evaluation should be explained to the patient and should include a parallel assessment by a psychologist well trained in MS. The evaluations will be adapted to the situation and the goals. Early interviews evaluate the psychopathological profile that can then be reevaluated during each consultation. Cognitive assessment is mainly proposed in case of interferon therapy, spontaneous complaints of the patient or abnormal difficulties in daily life or occupational activities. In all cases, patient management requires a multidisciplinary approach.
Plan
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Vol 157 - N° 8-9
P. 1128-1134 - septembre 2001 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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