BP, un patient souffrant d'un processus dégénératif, dénomme des images dans la limite de la normale (77/80 au DO 80) malgré une atteinte cognitive sévère (MMS 7/30) et des performances au niveau du hasard lors de la passation du Pyramids and Palm Trees Test (Howard & Patterson, 1992).

L'investigation expérimentale porte sur la dénomination et la compréhension des mêmes images (avec contrôle de la fréquence, de la longueur et de l'âge d'acquisition du mot, de la familiarité et de la complexité visuelle de l'image ainsi que du consensus en dénomination orale). Le patient dénomme correctement 218/269 images (81 p. 100). Sans support visuel, lors de tâches de complétion de phrases et de définitions verbales le score de réussite est 37 p. 100 et 45 p. 100 respectivement. Enfin, dans un test de « Compréhension Sémantique » portant sur 67 images bien dénommées – (consistant en 268 questions simples, par exemple, POULE : est-ce que c'est la femelle du coq ? Est-ce que ça chante « cocorico » le matin ? Est-ce que ça couve le maïs avant de le manger ? Est-ce que ça pond des oeufs ? ) – le score de réussite est 16 p. 100 (11/67) tandis que pour 53 p. 100 des images les performances se situent au niveau du hasard. Une analyse en régression multiple montre par ailleurs que les facteurs prédictifs pour la dénomination d'images et leur compréhension ne sont pas identiques.

En accord avec les considérations théoriques de Kremin (1986), ces résultats confirment la notion d'un accès visuo-phonologique direct (non sémantique) pour la dénomination visuelle d'images.