La plus grande partie des coûts économiques et sociaux de la démence est due à ses conséquences en termes d'incapacité. L'objectif de cette communication est de montrer comment le modèle général du processus d'évolution vers l'incapacité développée par Verbrugge et Jette (Soc Sci Med 1994, 38 : 1-41) peut aider à une meilleure compréhension et prise en charge du retentissement fonctionnel de la maladie d'Alzheimer. La maladie s'exprime sous forme de déficiences des processus cognitifs globaux comme la mémoire ou les processus de contrôle. Ces déficiences sont responsables de limitations fonctionnelles à l'exécution de tâches cognitives génériques comme rappeler une liste de mots ou calculer. Les limitations fonctionnelles se traduisent par une incapacité dans les activités instrumentales puis de base de la vie quotidienne. C'est l'ensemble de ces altérations qui forme le syndrome démentiel. Les facteurs de risque, génétiques ou environnementaux (niveau d'études, nutrition), sont des caractéristiques pré-existantes qui augmentent le risque de développer la maladie mais peuvent aussi en moduler l'expression clinique et le retentissement fonctionnel. Des facteurs extra- et intra-individuels agissent une fois la maladie exprimée pour accélérer ou ralentir le processus d'évolution vers l'incapacité. Les facteurs intra-individuels sont les stratégies positives (adaptation des activités) ou négatives (dépression) développées par les individus en réaction à la maladie, tandis que les facteurs extra-individuels sont les interventions du système de soins, des aidants naturels ou professionnels, et de la société en général (institutions, prestations financières…). L'application de ce modèle à la maladie d'Alzheimer sera illustrée par des données de l'étude PAQUID.