Le reflux gastro-œsophagien dans la population générale française - 01/03/08
Jean-François Bretagne [1],
Bruno Richard-Molard [2],
Charles Honnorat [3],
Agnès Caekaert [4],
Philippe Barthélemy [4]
Voir les affiliations Travail présenté lors des Journées Francophones de Pathologie Digestive, Paris, avril 2004, et de la Digestive Disease Week, New Orleans (USA), mai 2004. |
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Résumé |
Objectifs > Évaluer la prévalence dans la population générale française du reflux gastro-œsophagien (RGO) défini selon les recommandations de la conférence de consensus de 1999, et préciser les caractéristiques de la pathologie, le taux de consultation médicale, les modalités de la prise en charge ainsi que le degré de satisfaction en résultant.
Méthodes > Enquête épidémiologique quantitative réalisée par voie postale auprès d’un échantillon de 8 000 sujets représentatifs de la population française adulte. Le questionnaire auto-administré comprenait 46 questions portant sur la pathologie, les facteurs de risque, la prise en charge médicale et médicamenteuse, le traitement du dernier épisode de RGO, et le degré de satisfaction des sujets. Le RGO a été défini par l’existence de symptômes typiques (pyrosis, régurgitations acides) dont la fréquence était d’au moins une fois par semaine (RGO fréquent).
Résultats > La prévalence globale (indépendamment de la fréquence des symptômes) du RGO en France est de 31,3 %. La prévalence du RGO fréquent est de 7,8 % (6 % avant 50 ans, 10 % au-delà). La plupart des sujets ayant un RGO fréquent (86 %) avaient consulté, souvent après un long délai depuis le début des symptômes (26 % avaient attendu plus d’un an pour consulter), et 14 % n’avaient jamais consulté. Une endoscopie avait été pratiquée chez 58 % des sujets ayant consulté. L’absence de consultation était principalement liée à l’opinion que la pathologie n’était pas grave et à l’automédication.
La plupart des sujets (85 %) avaient traité le dernier épisode de RGO fréquent. Le traitement utilisé avait été principalement un médicament de prescription (68 % des cas), plus rarement un traitement d’automédication, un médicament conseillé par le pharmacien, ou une association des deux (17 % des cas). Le traitement de prescription avait été le plus souvent utilisé seul (61 % des cas), rarement associé à un traitement d’automédication ou un produit de conseil (7 % des cas). Le traitement était une monothérapie (2/3 des cas) ou une association (1/3) comprenant principalement des inhibiteurs de la pompe à protons (45 et 83 % respectivement) et des antiacides/alginates (46 et 61 % respectivement). Soixante-sept pour cent des sujets se déclaraient tout à fait satisfaits de leur traitement, mais les symptômes avaient persisté chez 24 % des sujets traités.
Discussion > La prévalence du RGO fréquent augmente avec l’âge. Le sexe, l’obésité, le tabac, l’alcoolisme ne paraissent pas influencer de façon majeure la prévalence du RGO. Une partie importante des sujets ayant un RGO fréquent n’ont pas de suivi médical régulier et recourent à l’automédication. Seuls les 2/3 sont satisfaits de leur traitement.
Conclusion > Environ 3,5 millions de Français adultes souffrent actuellement de RGO fréquent mais une proportion encore importante ne consulte pas ou tarde à consulter malgré la fréquence des symptômes. Une meilleure prise en charge du RGO fréquent en France est souhaitable afin d’améliorer le soulagement des symptômes et la surveillance des complications éventuelles.
Voir aussi dans ce numéro l’éditorial de Étienne-Henry Metman, Reflux gastro-œsophagien : une épidémie corrélée à celle de l’obésité ?, p. 11-12.
Summary: Gastroesophageal reflux in the French general population: national survey of 8000 adults |
Objectives > To assess the population-based prevalence in France of gastroesophageal reflux disease (GERD) and to report its characteristics, consultation rate, modes of management, as well as patients’ satisfaction.
Methods > This epidemiological quantitative mail survey sent to a sample of 8000 persons representative of the French adult population comprised 46 questions about GERD, its risk factors, management, last episode, and satisfaction with treatment. GERD was defined in accordance with the guidelines of the 1999 consensus conference as the existence of typical symptoms (heartburn, acid regurgitation) and frequent GERD as occurring at a frequency of at least once a week.
Results > The overall prevalence of GERD in France is 31.3%. The prevalence of frequent GERD is 7.8% (6% among those younger than 50 years, 10% among those older than 50). Most subjects with frequent GERD (86%) had seen a doctor for it, often long after the first occurrence of symptoms – 26% had waited for more than one year before consulting – while 14% had never discussed it with a doctor, mainly because they considered it not serious and treated it themselves. Of those who had consulted, 58% had undergone an endoscopy. Most subjects (85%) had treated their last episode of frequent GORD, most often by their doctor’s prescription treatment (68%), less often by self-treatment or a medication recommended by the pharmacist or both (17%). The prescription treatment was most often used alone (61%) and only rarely combined with self-treatment or a pharmacist’s recommendation (7%). Two thirds of the subjects had used a single medication, and one-third a combination of drugs. Single medications were mainly proton-pump inhibitors (PPIs) (45%) and antacids/alginates (46%). Combinations were essentially made up of PPIs (83%), most often combined with antacids/alginates (61%). Two-thirds of subjects reported that they were entirely satisfied with their treatment, but symptoms had persisted in 24% of treated subjects.
Discussion > Prevalence of frequent GERD increases with age. Sex, obesity, and consumption of tobacco and alcoholic beverages do not appear to affect it markedly. The proportion of subjects with frequent GERD with no regular medical follow-up and resorting to self-treatment is substantial. Only two thirds are totally satisfied with their treatment.
Conclusion > Nearly 3.5 million French adult subjects currently suffer from frequent GERD, and many do not – or wait unduly to – see a doctor, despite symptom frequency. Better management of frequent GERD in France remains desirable in order to improve symptom relief and surveillance of possible complications.
Plan
Travail présenté lors des Journées Francophones de Pathologie Digestive, Paris, avril 2004, et de la Digestive Disease Week, New Orleans (USA), mai 2004. |
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Vol 35 - N° 1-C1
P. 23-31 - janvier 2006 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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