Objectif L’anorexie mentale (AM) est un trouble du comportement alimentaire associant une dénutrition, une aménorrhée et un trouble de l’image corporelle selon les critères du DSM-IV. Peu d’études de suivi ont été publiées. Nous avons réalisé une étude rétrospective, portant sur la population de patientes anorexiques mentales restrictives ayant été prises en charge de 1979 à 2004.

Méthodes Les données nécessaires, élaborées à partir de l’inventaire de Morgan et Russell, ont été recueillies entre mai et juillet 2004 à l’aide du dossier clinique et d’une enquête téléphonique. Pour chaque patiente, ont été notés la chronologie de la maladie, les caractéristiques morphologiques, le type de l’anorexie, le mode de prise en charge, l’histoire gynécologique et la situation professionnelle et conjugale.

Résultats La population étudiée représentait 206 patientes pour lesquelles la durée moyenne de suivi a été de 8,3 ± 5,3 ans ; 55,8 % ont été guéries sur les critères IMC > 17,5 kg/m² maintenu pendant 1 an et reprise de l’activité génitale ; 18,5 % sont entrées dans une forme chronique de la maladie et 25,7 % avaient encore une des deux composantes citées ci-dessus. Le taux de mortalité a été de 1,8 %. En termes d’évolution de la maladie, l’âge de début précoce lors de l’adolescence était de bon pronostic. Par contre, l’intensité de la maigreur, un délai de prise en charge long, une fréquence faible de consultation semblaient prédictifs d’une issue défavorable.

Conclusions La gravité de cette maladie est plutôt liée à ses formes chronicisées qu’au nombre de décès qui lui sont directement imputables. Par contre, le versant psychopathologique n’a pas été pris en compte et il semble important à évaluer puisque certains traits de personnalité sous-jacents apparaissent comme des facteurs de comorbidité.

Objectives Anorexia nervosa is an eating disorder that combines malnutrition, amenorrhea, and distorted body image. To learn more about the course of this disease we undertook a retrospective study of girls diagnosed with anorexia nervosa in the Saint Etienne Endocrinology Department between 1979 and 2004.

Methods Patients were diagnosed according to DSMIV criteria. Data collected to complete the Morgan-Russell outcome assessment schedule included chronology of illness, patients' morphological features, anorexia type, treatment choice, patient’s gynecological history, and social status.

Results The study included 206 cases. The average follow-up period was 8.3 ± 5.3 years. Defining recovery as stable BMI > 17.5 kg/m² for at least one year and recovery of normal menstruation, full recovery was observed in 55.8% and partial recovery in 25.7%, while 18.5% remained chronically ill. Early onset (i.e., during adolescence) was associated with good prognosis, and advanced emaciation and delayed or insufficient medical care with poor prognosis.

Conclusions The seriousness of this disease is due more to the incidence of cases that become chronic than to the mortality rate. Prediction of severity would be improved by taking into account underlying personality traits, such as addictive tendencies and depression.