L’altération du transfert est constante et progressive au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), de mécanisme souvent complexe, pouvant impliquer un trouble de diffusion alvéolocapillaire et/ou une hypertension pulmonaire. La mesure combinée des capacités de diffusion du CO (DLCO) et du NO (DLNO) permet de décomposer les deux étapes du transfert en facteur membranaire (Dm) et volume capillaire (Vc) (Fig. 1).

Dans cette étude prospective monocentrique menée à l’hôpital Avicenne entre 2005 et 2010, 55 patients avec FPI incidente ont effectué des explorations fonctionnelles respiratoires avec double diffusion, une tomodensitométrie haute-résolution et une échocardiographie. Le Composite Physiologic Index (CPI) a été calculé. Les paramètres fonctionnels respiratoires et morphologiques ont été corrélés entre eux, et leur impact pronostique sur la survie sans transplantation a été évalué.

L’âge moyen à l’inclusion était de 65±11,7ans. Les valeurs fonctionnelles, en pourcentage de la théorique, étaient : CVF 77,2±17,69 % ; DLCO 43,8±15,88 % ; DLNO 39,0±16,20 % ; Dm 53,3±21,88 % ; Vc 42,1±17,60 %. Le Dm était bien corrélé à la capacité vitale (r=0,45), à la désaturation à la marche (r=−0,52), au score de fibrose tomodensitométrique (r=−0,60) et au CPI (r=−0,83). Le Vc possédait le même profil, mais ne corrélait pas avec la pression artérielle pulmonaire systolique estimée à l’échocardiographie (r=−0,08). La préservation du Dm était le paramètre fonctionnel le plus prédictif de survie sans transplantation dans un modèle de Cox univarié, et le seul restant significatif en multivarié (HR=0,74 [0,56–0,97] ; p=0,031).

Les deux composantes du transfert sont diminuées chez nos patients avec FPI incidente. Ces résultats n’apportent pas d’explication physiopathologique supplémentaire concernant l’altération du transfert. En revanche, la mesure de Dm est le paramètre fonctionnel possédant la valeur pronostique la plus puissante, meilleure que la DLCO.