L’érythème pigmenté fixe (EPF) est pathognomonique d’une toxidermie et représente la seule dermatose de cause exclusivement médicamenteuse. Les antibiotiques antituberculeux sont parmi les médicaments habituellement responsables. L’EPF secondaire à la prise d’éthambutol a rarement été décrit.

Un patient de 32ans, VIH négatif, consulte pour un EPF localisé à la face interne des lèvres et aux plis interdigitaux, au 4^e mois d’un traitement antituberculeux comportant la rifampicine, l’isoniazide et l’éthambutol. Le diagnostic est porté devant l’aspect caractéristique de la lésion d’EPF et la réapparition précoce des lésions récidivant exactement aux mêmes endroits, après la réintroduction accidentelle de la trithérapie antituberculeuse à base d’éthambutol et la tolérance parfaite de la bithérapie rifampicine et isoniazide.

Les toxidermies dues aux antituberculeux sont fréquentes en cas de co-infection tuberculose et VIH et ont été rapportées avec la thiacétazone, la streptomycine, la rifampicine et le pyrazinamide. Dans le cadre de l’EPF, l’antibiotique le plus souvent incriminé est la rifampicine. Dans cette observation, les lésions sont apparues au quatrième mois du traitement antituberculeux, avec une régression des signes cliniques à l’arrêt total des antituberculeux, suivie de leur réapparition précoce (<24heures) lors de la réintroduction accidentelle de l’éthambutol. Brahimi et al. rapportent également des formes sévères d’EPF dans leur série de 59 cas, mais aucun patient n’était sous traitement anti-bacillaire.

Cette observation pourrait constituer un effet indésirable inattendu de l’éthambutol ou alors l’existence d’un mécanisme toxique par potentialisation de la rifampicine par l’éthambutol survenu après une longue période de sensibilisation chez un adulte jeune immunocompétent.