Induction de tolérance à l’anakinra (Kineret®) pour une maladie de Still dans le cadre d’une réaction d’hypersensibilité retardée - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
L’induction de tolérance est une procédure qui consiste en l’administration de faibles doses d’un médicament responsable d’une réaction d’hypersensibilité, progressivement croissantes, à intervalles réguliers et sur une courte période afin de permettre la reprise du traitement responsable. Nous rapportons pour la première fois la réalisation avec succès d’une induction de tolérance à l’anakinra dans les suites d’une toxidermie lichénoïde chez une patiente suivie pour maladie de Still.
Observation |
Une femme de 24ans, atteinte d’une maladie de Still très invalidante, nous était adressée pour la prise en charge d’une toxidermie à l’anakinra. Le traitement, introduit 15jours auparavant, avait eu une efficacité spectaculaire sur la symptomatologie de la maladie de Still. Mais progressivement était apparue une éruption érythémato-papuleuse, symétrique, diffuse, fortement prurigineuse. La biopsie montrait un infiltrat lichénoïde focal avec nécroses kératinocytaires suspendues. L’arrêt du traitement permettait une régression rapide de l’éruption mais se soldait par une reprise évolutive de la maladie de Still. Un relais par anti-TNFα était essayé sans succès. Ainsi, afin de permettre la reprise de l’anakinra et contrôler sa pathologie, une induction de tolérance à l’anakinra était proposée. Un protocole sur 4jours a été réalisé avec injection chaque jour, toutes les demi-heures, de doses progressivement croissantes. À j1 et j2, une dose cumulée équivalente à la demi-dose (50mg) était injectée. À j3, une dose totale (100mg) était délivrée. Puis à partir de j4, les injections complètes étaient réalisées. La procédure était très bien tolérée, sans effet secondaire immédiat. Le suivi à 1 et 3 mois ne montrait aucune récidive de la toxidermie, et un contrôle de la maladie de Still.
Discussion |
L’induction de tolérance est régulièrement réalisée pour les antibiotiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les chimiothérapies et plus récemment rapportée pour les biothérapies. Pour ces dernières, les cas rapportés concernent des réactions d’hypersensibilité immédiate. Il s’agit de la première tentative dans le cadre d’une réaction retardée lichénoïde. Cette procédure nécessite de mesurer la balance bénéfices/risques, de vérifier qu’aucune alternative thérapeutique aussi efficace n’est disponible et de respecter les recommandations de bonnes pratiques publiées par l’European Academy of Allergy and Clinical Immunlogy (EAACI) en 2010.
Conclusion |
Il s’agit du premier cas rapporté d’induction de tolérance à l’anakinra dans une maladie de Still après réaction d’hypersensibilité retardée, lichénoïde. Cette procédure a permis de reprendre une thérapeutique efficace dans une pathologie très invalidante compte tenu des poussées inflammatoires récurrentes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anakinra, Hypersensibilité retardée, Induction de tolérance, Maladie de Still
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S689 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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