Le piercing est une pratique courante dont la réalisation impose la perforation de la peau, d’une muqueuse ou d’un cartilage. Les piercings de l’oreille peuvent se compliquer de chondrite bactérienne dont la prise en charge est spécifique compte tenu des germes présents et du caractère avasculaire du cartilage.

Notre service de maladies infectieuses est un centre d’expertise pour les complications liées à la pratique du piercing. Nous rapportons 10 cas de chondrites bactériennes colligées prospectivement et survenues entre août 2014 et avril 2015.

Dix patients, 9 femmes et un homme, ont eu un diagnostic de chondrite de l’oreille. L’âge médian était de 25ans (16–35). Le délai médian entre la réalisation du piercing et l’apparition des symptômes était de 8jours (2–32). Neuf piercings étaient situés sur l’hélix et 1 sur le tragus. Seule 1 patiente avait de la fièvre supérieure à 38C, 3 une CRP>10mg/L et 8 des 9 prélèvements locaux à visée bactériologique étaient positifs en culture. Sept prélèvements isolaient une seule bactérie, 5 Pseudomonas aeruginosa et 2 Staphylococcus aureus, et 1 une flore polymicrobienne. Tous les patients ont été hospitalisés et ont reçu une bi-antibiothérapie probabiliste active sur P. aeruginosa pour une durée médiane de 5jours (2–7) avec un relais oral par monothérapie pendant 16jours (7–30). L’ablation du bijou a été pratiquée pour tous les patients. Trois patientes ont eu une séquelle à type de cicatrice hypertrophique.

Au-delà de la formation des perceurs à laquelle nous participons, la surveillance et les soins locaux rigoureux sont indispensables après la mise en place d’un piercing. L’antibiothérapie probabiliste doit couvrir le P. aeruginosa puis être adaptée à la documentation bactériologique. L’ablation du bijou est nécessaire afin de stériliser le foyer infectieux.

La rapidité de prise en charge est capitale pour éviter les complications locales ou générales et les séquelles souvent inesthétiques.