Pathologies dermatologiques en milieu carcéral Africain : expérience guinéenne - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
Les prisonniers sont une population défavorisée et vulnérable. On sait peu de choses sur leur état de santé en Afrique subsaharienne, et aucune description centrée sur les affections dermatologiques en milieu carcéral n’est disponible en Guinée. Le but de cette étude était donc de fournir une description détaillée des affections dermatologiques présentées par les détenus et d’en déterminer les facteurs déterminants dans le plus grand centre de détention de la Guinée.
Matériel et méthodes |
Ce travail a eu pour cadre la maison centrale de Conakry. C’est un établissement pénitencier édifié au début du 20e siècle pour une capacité d’accueil théorique de trois cents personnes. Son taux d’occupation en 2013 était de 377 % ce qui reflète une saturation. Nous y avons réalisé du 1er au 17 avril 2013, une étude transversale descriptive et analytique ayant inclus tous les détenus présentant une ou plusieurs dermatoses et ayant accepté de participer à l’étude. Pour chaque détenu, les différents types de dermatoses étaient identifiés. La fréquence de la douche, l’utilisation du savon pour la douche, le changement d’habits et l’assainissement des cellules étaient analysés par le Chi2 de Pearson au seuil de 5 %. L’étude était autorisée par les autorités pénitentiaires.
Résultats |
Mille cent trente et un détenus ont été examinés ; 320 présentaient des dermatoses soit une prévalence de 27,3 %. Il s’agissait de 292 hommes et 28 femmes soit un sex-ratio de 10,42. La moyenne d’âge était de 30ans avec des extrêmes de 15 et 70ans. Les dermatoses infectieuses étaient les plus représentées avec 247 cas (77,2 %) avec une prédominance de la gale notée chez 146 détenus, de dermatophytoses notées chez 58 détenus. Les dermatoses non infectieuses représentaient 13 % des dermatoses avec une prédominance de l’eczéma de contact chez 17 détenus. Cent quatre-vingt-neuf (59 %) patients se douchaient irrégulièrement, 62 % n’utilisaient pas de savon pour la douche, 51 % changeaient irrégulièrement les habits après la douche, 70 % des cellules étaient irrégulièrement assainies. Soixante-quinze pour cent des patients n’avaient jamais eu de consultation dermatologique. Nous avons trouvé un lien statistiquement significatif entre la survenue de dermatoses infectieuses et les conditions d’hygiène en milieu carcéral notamment la fréquence de la douche, l’utilisation du savon la fréquence du changement d’habits.
Discussion |
En Guinée, l’état de santé des détenus est peu étudié. La prévalence des affections dermatologiques dans cette étude était de 27,3 %. Ces résultats soulignent la forte morbidité dans cette population en ce qui concerne les pathologies dermatologiques.
Conclusion |
Cette étude relève l’importance des dermatoses en milieu carcéral guinéen. Malgré la bénignité des pathologies rencontrées, l’instauration d’une consultation dermatologique et le renforcement des mesures d’hygiène pourront contribuer à la réduction de cette morbidité.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Hygiène en prison, Milieu carcéral, Prison
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S579 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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