L’urticaire aquagénique (UA) est une forme rare mais bien connue d’urticaire physique touchant préférentiellement les femmes jeunes. Elle est caractérisée par l’apparition de plaques érythémateuses et prurigineuses quelques minutes après le début d’un contact avec l’eau, indépendamment de sa température. Sa physiopathologie reste encore incomplètement élucidée. Nous rapportons un cas exceptionnel d’UA localisée survenant uniquement au contact avec l’eau de mer.

Une jeune femme de 32ans rapportait depuis plusieurs années la survenue de plaques érythémateuses et prurigineuses localisées au cou et à la partie inférieure du visage, quelques minutes après le début de baignades en eau de mer. Elle signalait n’avoir jamais de lésions similaires lors des baignades en eau douce ou au cours de la douche. Des tests cutanés ont été réalisés par l’application de compresses humides imbibées d’eau de mer (à 37C pendant 30minutes) aux zones de survenue habituelle de la réaction cutanée. Un test contrôle par une compresse imbibée d’eau douce a été réalisé dans les mêmes conditions. On notait une réaction urticarienne aux zones de contact avec l’eau de mer mais aucune réaction aux zones de contact avec l’eau douce. Nous avons donc conclu à une UA localisée à l’eau salée. Le traitement antihistaminique pris les jours de baignade s’est révélé inefficace.

Ce cas d’UA localisée à l’eau salée est exceptionnel puisque seulement 6 cas similaires ont été rapportés dans la littérature par une équipe italienne. Il s’agissait de jeunes femmes qui décrivaient l’apparition au bout de plusieurs minutes de contact avec l’eau de mer de lésions urticariennes localisées au cou, au bas du visage ou haut du tronc. Des tests cutanés également réalisés avec de l’eau salée étaient positifs, alors que ceux avec l’eau douce étaient négatifs (ou faiblement positifs chez 2 patientes). Cette entité semble donc dépendre uniquement du degré de salinité de l’eau. Son mécanisme physiopathologique et la raison pour laquelle elle se localise uniquement à la partie supérieure du corps sont encore mal compris. L’étude d’une série plus importante de cas serait utile. Les traitements proposés dans la littérature sont les antihistaminiques, l’application avant la baignade de crèmes barrière ou de capsaïcine.

L’UA localisée à l’eau salée est une forme particulière d’urticaire physique. Elle a les caractéristiques de l’UA dans son mode de survenue, le type de lésions rapporté, leur cinétique d’apparition et de régression. Elle a cependant la particularité de ne survenir qu’au contact d’une eau d’un certain degré de salinité, expliquant qu’elle soit constatée par les patients au cours de baignades en eau de mer, et de se localiser préférentiellement à la partie supérieure du corps. Cette forme d’UA est encore mal connue et sa prévalence probablement largement sous-estimée.