L’éosinophilie au cours des infections bactériennes : un facteur prédictif précoce de l’efficacité du traitement antibiotique ? - 22/11/15
Résumé |
Introduction |
L’éosinopénie permet de distinguer une infection d’une pathologie inflammatoire non infectieuse en cas de maladie inflammatoire aiguë [1 ].
Des études de mortalité ont démontré que la persistance d’une éosinopénie est de mauvais pronostic chez les patients en sepsis [2 ]. Elles démontrent également que l’éosinophilie se normalise entre le 2e et 3e jour chez les patients survivants [3 ].
La capacité de l’éosinophilie à prédire précocement l’adéquation d’une antibiothérapie n’a jamais été étudiée.
Notre objectif est de comparer l’évolution de l’éosinophilie à celle des autres marqueurs inflammatoires chez des patients présentant une bactériémie et d’évaluer si l’évolution de l’éosinophilie au cours d’une bactériémie permet de prédire précocement le caractère approprié d’une antibiothérapie empirique.
Matériels et méthodes |
Étude rétrospective, monocentrique, portant sur des patients présentant une bactériémie communautaire traitée, sans délai, par une antibiothérapie empirique.
Nous avons relevé le type d’antibiotique administré, le(s) germe(s) responsable(s), la sensibilité in vitro à l’antibiotique ainsi que les valeurs de la CRP (en mg/L), de l’éosinophilie, de la lymphocytose et de la neutrophilie (en cellules/μL) avant (T0) et après le début du traitement antibiotique empirique, à deux reprises (T1 et T2).
Sur base de l’antibiogramme, 2 groupes de patients ont été constitués : traitement approprié (germe sensible à l’antibiotique ; groupe 1), traitement inapproprié (sensibilité intermédiaire ou résistance à l’antibiotique ; groupe 2).
Les évolutions de l’éosinophilie, de la lymphocytose, de la neutrophilie et du taux de CRP ont été comparées entre les 2 groupes.
Résultats |
Les dossiers de 98 patients ont été retenus (groupe 1, n=86 ; groupe 2, n=12). Moins de 24h après le début du traitement (T1=16h), l’éosinophilie augmente significativement dans le groupe 1 alors qu’elle reste inchangée dans le groupe 2. L’analyse par une courbe de ROC indique qu’une remontée de≥27 éosinophiles/μL après 16heures de traitement est prédictive d’un traitement approprié (sensibilité : 45 % [intervalle de confiance à 95 % (IC95 %) : 35 à 57] ; spécificité : 92 % [IC95 % : 62 à 100] ; rapport de vraisemblance positif : 5,4 [IC95 % : 0,8 à 36,1]).
L’évolution du compte lymphocytaire est différente entre les groupes au T1 mais la courbe ROC ne permet pas d’utiliser ce critère.
Aucune différence d’évolution n’est observée entre les groupes pour la neutrophilie et la CRP.
Discussion |
Notre étude suggère que la remontée précoce de l’éosinophilie au cours des bactériémies est un facteur prédictif du caractère approprié du traitement antibiotique, une remontée de≥27 éosinophiles/μL faisant passer la probabilité a priori que l’antibiothérapie empirique soit adéquate de 88 % à une probabilité a posteriori de 98 %. A contrario, la variation de la neutrophilie, de la lymphocytose et du taux de CRP au cours des deux premiers jours de bactériémie ne permet pas d’identifier les patients recevant un traitement approprié.
Le caractère rétrospectif de notre étude ainsi que l’utilisation de données uniquement bactériologiques et non cliniques constituent ses limitations.
Nous suggérons, la réalisation d’une étude prospective utilisant d’autres critères pour distinguer les patients adéquatement traités, notamment des critères objectifs de l’état clinique du patient.
Conclusion |
La remontée de l’éosinophilie est le facteur prédictif le plus précoce du caractère approprié du traitement antibiotique empirique administré lors d’une bactériémie.
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Vol 36 - N° S2
P. A79 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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